ESL Impact en pause : l’avenir du Counter-Strike féminin plongé dans l’incertitude

Les meilleures joueuses de la planète évoluent désormais dans le flou, alors qu’elles disputent peut-être les toutes dernières finales de l’histoire de l’ESL Impact.

Les finales de l’ESL Impact saison 8 débutaient ce vendredi à Stockholm (Suède), mais quelques semaines plus tôt, une décision a provoqué un véritable raz-de-marée : celle de mettre « sur pause » la plus grande ligue féminine de Counter-Strike. Après huit saisons et plus de 1,5 million de dollars de cashprize distribués, ESL estime que le modèle économique n’est « plus durable ». Une décision qui laisse joueuses, organisations et observateurs face à un avenir trouble.

Une scène féminine orpheline de son pilier

Lorsque Ksenia « vilga » Kluenkova se remémore ses mots de 2022 – « j’avais tellement raison » – elle ne peut que mesurer l’ironie de la situation. Impact avait revitalisé un écosystème moribond : création de stars comme ANa, multiplication des équipes, visibilité accrue, LAN mondiales… Aujourd’hui, tout cela menace de disparaître. La joueuse de Ninjas in Pyjamas décrit un vestiaire « complètement brisé » après l’annonce, certaines coéquipières en larmes. Forte de plus de dix ans de carrière, vilga refuse toutefois le fatalisme : « Dans la vie, tout est une question de perspective ».

Pour beaucoup, les signes avant-coureurs existaient déjà : réduction du nombre de LAN, disparition des slots APAC, relocalisation forcée d’équipes comme HSG fe, qui a dépensé près de 70 000 dollars pour participer au circuit européen. Une situation « mentalement impossible » pour la joueuse Ramona « ⁠gfi⁠ » Azween Binti Zaharuddin, et qui a mené à la disparition pure et simple de la structure asiatique.

Un écosystème fragilisé mais pas résigné

La suspension de l’ESL Impact laisse un vide immense : 300 000 dollars de prize pool annuels, un circuit structuré et des LAN régulières. Plusieurs initiatives tentent néanmoins de reprendre le flambeau. Le Brésil organisera en 2026 la première édition internationale des Clutch Queens, dotée de 65 000 dollars. La JB Pro League lancera une section féminine, tandis que des tournois comme Female Pro League ou ELITE FE maintiennent une activité locale.

Certaines organisations choisissent de rester engagées. FlyQuest RED, par la voix de Stephanie « missharvey » Harvey, promet :

« Notre mission ne s’arrête pas quand les choses deviennent difficiles. Nous continuerons d’investir et de soutenir la scène ».
Même son de cloche chez Imperial Esports, pour qui « la fin de l’ESL Impact est un coup dur, mais pas une fatalité ».

Pourtant, d’autres structures se retirent déjà, comme Four Magic, qui a dissous son roster… un jour après un titre continental glané au Brésil.

Une scène en plein essor stoppée dans son élan

Ironie de l’histoire : cette annonce intervient au moment même où le niveau du CS féminin n’a jamais été aussi haut. Mounira « GooseBreeder » Dobie, capitaine de FlyQuest RED, rappelle que « la scène n’a jamais été aussi saine », tandis que vilga cite les performances récentes d’équipes féminines contre des formations masculines professionnelles – preuve des progrès engendrés par l’ESL Impact.

La ligue a aussi agi comme tremplin pour les entraîneurs et talents de broadcast : flashie, aujourd’hui chez NAVI, ou encore LucyLuce, devenue voix régulière des événements T1. Mais quelques heures avant le coup d’envoi des dernières finales Impact, le sentiment dominant restait la mélancolie.

« Si je creuse profondément, je ressens surtout du vide », confie vilga. GooseBreeder, elle, veut profiter : « Ce dernier event sera magique. Je veux savourer chaque moment. »

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Our opening matches for the #ESLImpact Stockholm Finals are READY 🔥

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— ESL Impact (@ESLImpact) November 18, 2025

Quel avenir pour 2026 ?

À l’heure actuelle, personne ne sait à quoi ressemblera la scène féminine de Counter-Strike l’année prochaine. De nouvelles initiatives émergent, mais aucune ne dispose du poids, de la stabilité et de la portée mondiale de l’ESL Impact. Pourtant, malgré les incertitudes, vilga refuse de perdre espoir :

« Peu importe ce qui arrive, on trouvera un moyen. Je crois en un avenir meilleur. »

Pour une scène qui s’est toujours battue pour exister, cette résilience est peut-être le meilleur symbole.