Esport : De gamers à athlètes, la transformation a commencé

Team Astralis - Photo : Newspix / Icon Sport

Depuis quelques années, l’esport est entré dans une nouvelle dimension, faisant passer le gamer d’un ado boutonneux dans sa chambre à un athlète de haut niveau. Aujourd’hui les joueurs professionnels sont entraînés par de vrais sportifs, comme de vrais sportifs.

En à peine quelques années, l’esport a connu un véritable tournant. La préparation a pris une part essentielle dans l’entraînement des joueurs, décuplant ainsi leurs performances. Le déclic est venu en 2017, lorsque l’équipe danoise de Counter-Strike, Astralis, a fait le pari de recruter un staff technique issu du sport traditionnel, composé notamment de la star nationale du handball, Kasper Hvidt. « Il a juste instauré des règles basiques sur le sommeil, l’activité physique, la cohésion d’équipe, la vie personnelle, le team building, mais ça a été une vraie révolution dans l’e-sport », explique Nicolas Besombes, vice-président de France Esports. « Mais au final, Astralis a roulé sur la scène Counter-Strike pendant près d’un an et demi après ça. »

Une véritable révolution dans le monde du gaming, qui a fait prendre conscience aux joueurs de l’importance de leur condition physique. « Oui, les mecs pratiquent assis, mais quand tu fais du sport, ça te libère de l’endorphine et ça aide au bien-être. Et si tu es bien dans ta tête, tu es mieux dans ton jeu. On s’est rendu compte que la question du bien-être, au sens global, était hyper importante pour la performance dans l’esport. On a par exemple démontré que faire une activité physique 30 minutes avant la pratique vidéoludique optimisait la performance, car l’activité vient oxygéner le cerveau, qui est beaucoup sollicité. Et la position assise a tendance à empêcher cette oxygénation », détaille Nicolas Besombes. 

Bien dans son corps, bien dans sa tête, bien dans son jeu

Aujourd’hui, de nombreux sportifs de haut niveau se sont rapproché de l’esport pour partager leur expérience et apporter cette petite touche, qui pourrait bien faire la différence dans les compétitions esportives. C’est notamment le cas du nageur Yannick Agnel, qui épaule la structure marseillaise MCES ou encore Thierry Ascione, ancien tennisman professionnel et aujourd’hui coach de Jo-Wilfried Tsonga et responsable du pôle performance de la Team Vitality. « Dan (apEX, aujourd’hui capitaine de l’équipe Counter-Strike de Vitality), que j’ai rencontré à Bercy pendant le tournoi de tennis, m’a parlé de leurs problématiques, de leur quotidien… Là me suis dit : “ok, on a quand même plein de choses très similaires au sport traditionnel et une vraie marge d’optimisation”. C’est ce qui m’a donné envie d’y aller. On a ensuite parlé avec Matthieu Péché (médaillé olympique de canoë et manager de l’équipe CS:GO) pour voir ce qu’il avait introduit depuis quelques mois, son apport en tant qu’ancien athlète. Puis on a commencé à établir une structure autour des joueurs sur l’aspect mental, la nutrition, le rapport au sport, au fait de prendre soin de soi, le sommeil… On a commencé avec Counter-Strike et on verra ensuite. »

Plus que de recruter de bons joueurs, le défi des structures esportives est devenu de les former. Bien dans son corps, bien dans sa tête ; pour devenir le nouveau Faker (joueur T1 de League of Legends) ou le prochain ZywOo (joueur Vitality de CS:GO) il ne suffit plus d’être bon au clavier ou à la manette. Le gamer professionnel est en train de troquer son image de geek avachi devant son PC contre celle d’un athlète à part entière. Et si l’évolution en trois ans a été fulgurante, la marge de progression reste encore immense.

Quitter la version mobile