Interview exclusive : Bertrand Amar nous parle de l’avenir de la LFL et de l’esport en France

Le match GO - IziDream sur la scène des LFL Days, à Nice (©Martin Falaizeau / FTV)

En marge de la finale de la Coupe de France à la Paris Games Week, Bertrand Amar a répondu à quelques-unes de nos questions concernant l’évolution de la scène française.

L’esport en France connaît un véritable essor, et League of Legends est au cœur de cette dynamique. Avec la Ligue Française de League of Legends (LFL) qui attire de plus en plus de fans et la Division 2 qui se structure, l’intérêt pour ces compétitions ne cesse de croître. Pour en discuter, on a eu l’occasion d’échanger avec Bertrand Amar, éminent journaliste jeu vidéo et aujourd’hui directeur esport chez Webedia. Au cours de notre entretien, il a partagé son ressenti sur l’évolution de la scène, ses projets pour 2025 et la façon dont les communautés de joueurs jouent un rôle clé dans cet écosystème en pleine mutation.

Bertrand, comment voyez-vous l’évolution de la scène esport en France, et notamment sur League of Legends ?

« 2024 a été une année charnière pour la scène française, particulièrement pour League of Legends. La LFL continue d’être un modèle d’excellence, attirant des audiences toujours plus importantes. Avec la Division 2 qui se structure de plus en plus, on voit un réel engouement autour des équipes et des joueurs, ce qui est prometteur pour l’avenir. Le fait que des diffuseurs comme France Télévisions s’engagent dans la diffusion des compétitions a également permis d’atteindre un public plus large, en offrant une exposition qu’on n’avait jamais eue auparavant. »

Quels sont les défis que vous anticipez pour les compétitions en France dans les années à venir ?

« L’un des principaux défis est la viabilité économique de l’écosystème. Comme on l’a discuté, les coûts de production, de personnel et de gestion des équipes augmentent considérablement. Les organisateurs de tournois doivent diversifier leurs sources de revenus, et cela passe par la vente de droits ou la création de contenus engageants. On a besoin d’un soutien accru des éditeurs et des sponsors pour garantir la pérennité de notre secteur. »

En parlant des éditeurs, quelles initiatives pourraient-ils prendre pour soutenir les équipes et les organisateurs ?

« Les éditeurs ont un rôle crucial à jouer. L’une des solutions pourrait être d’injecter des fonds par le biais de la vente de skins aux couleurs des équipes. Cela a été une méthode efficace dans d’autres jeux. De plus, ils pourraient permettre aux équipes et aux organisateurs de générer des revenus grâce à la vente de droits, comme cela se fait déjà dans le sport traditionnel. Cela créerait un cycle vertueux qui renforcerait l’écosystème. »

Quels projets sont en cours chez Webedia pour l’année 2025 concernant la scène esport ?

« On a plusieurs projets excitants en préparation. Tout d’abord, on veut continuer à améliorer la qualité de production des compétitions, en offrant des retransmissions captivantes qui permettent aux nouveaux spectateurs de comprendre et d’apprécier League of Legends. Par ailleurs, on explore des collaborations avec des plateformes de streaming pour étendre notre portée. On a aussi l’intention de produire davantage de contenus éducatifs autour du jeu, afin d’initier de nouveaux joueurs et spectateurs. »

« Pendant les trois prochaines années, on va à nouveau être en charge de tout le circuit professionnel et semi-professionnel de League of Legends en France et également à partir de 2025 de Valorant, avec les VCT. Donc on renforce nos liens avec Riot Games. On est aussi en charge au niveau européen des EMEA Masters, qui est un peu la Ligue des champions de League of Legends et qu’on organise depuis cette année. Au-delà de ça, on continue d’investir le territoire de l’esport avec de nouveaux genres et en 2025, on va accueillir pour la première fois en Europe une compétition qui s’appelle l’EVO, qui est la compétition mondiale des jeux de combat. Elle se déroule à Las Vegas depuis plus de 20 ans et au Japon depuis quelques années. L’EVO arrive pour la première fois en Europe et on est très honoré de l’organiser en octobre prochain à Nice. »

« Concernant la LFL, il y aura des changements que nous n’avons pas encore annoncés. On était réticents à l’idée de changer de format, comme c’est le cas en LEC par exemple, mais finalement cela va permettre de redynamiser la compétition et de redonner de l’enjeu. »

Pensez-vous que la diffusion sur des plateformes comme Netflix pourrait changer la donne pour l’esport ?

« Absolument. Si des compétitions comme les Worlds de League of Legends étaient diffusées sur de grandes plateformes de streaming, ça pourrait attirer une nouvelle audience et offrir des ressources bien plus importantes pour la production et la promotion des événements. Les spectateurs pourraient bénéficier d’une expérience améliorée grâce à des contenus de haute qualité. Cela représente une opportunité unique pour l’esport de se professionnaliser davantage. »

Quel rôle joue la communauté des joueurs dans le développement de l’esport en France ?

« La communauté est au cœur de tout. Les fans soutiennent leurs équipes et créent une atmosphère qui est essentielle pour le succès des compétitions. Leur engagement est crucial pour attirer des sponsors et des diffuseurs. En plus, leur passion pour le jeu influence aussi la création de contenus et les événements, ce qui contribue à l’essor de l’esport. »

Quels retours avez-vous reçus sur ce partenariat inédit entre France Télévisions et la Coupe de France ?

« Les retours ont été extrêmement positifs. On a constaté une augmentation significative de l’audience, en particulier parmi les jeunes. Les spectateurs ont apprécié l’approche pédagogique de nos retransmissions, qui a permis à des personnes non initiées de comprendre le jeu. Cela a été une réussite que l’on souhaite poursuivre. »

Pour conclure, quel message souhaitez-vous transmettre aux fans et à la communauté esportive en France ?

« Je veux dire aux fans que leur soutien est essentiel pour la croissance de la scène esport en France. En soutenant vos équipes et en participant aux compétitions, vous contribuez directement à la pérennité de notre écosystème. L’avenir s’annonce radieux, mais cela dépend de nous tous. Ensemble, on peut faire en sorte que l’esport devienne un véritable pilier de la culture sportive en France. »

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