L’EVO France, la fin de Game One… interview exclusive avec GEN1US

Norman "GEN1US" Chatrier à l'EVO France 2025

Même à 38 ans, GEN1US est toujours au top de sa forme. Joueur de talent en plus de commenter et d’animer l’EVO France 2025, il a répondu à quelques-unes de nos questions.

Champion de France et d’Europe sur Tekken, présentateur sur Game One et figure incontournable du versus fighting, Norman « GEN1US » Chatrier était à l’EVO France à la fois comme commentateur, animateur et… joueur. Malgré un emploi du temps chargé, il a terminé 33e sur 1 169 participants au tournoi Tekken 8. Entretien avec un passionné qui incarne toute la ferveur de la scène française.

Comment se passe ton EVO jusqu’à présent ?

« Mon Evo se passe magnifiquement. On est venu avec toute l’équipe pour caster et animer. C’est vrai que j’ai eu la chance de couvrir l’EV0 à distance pendant des années avec MGG, mais le vivre ici, sur place, c’est fabuleux. Dans quelques instants, je vais caster un top 8 sur scène, ce que je n’avais encore jamais fait. C’est magnifique. En plus, j’ai pu jouer le tournoi tout en castant neuf heures par jour… et j’ai terminé 33e sur 1 200 joueurs ! Franchement, c’est grandiose. Il y a eu des matchs incroyables, des comebacks, des émotions, des sensations… Pour moi, c’est une belle histoire. »

Ce n’est pas trop difficile de concilier le joueur, le caster et l’animateur ?

« Ah si, c’est dur. Déjà, c’est dur de concilier le jeu avec ma vie de tous les jours. Je joue quand je peux, entre 22 heures et minuit, pas tous les soirs. Je suis quelqu’un qui joue très peu. Cette année, j’ai fait très peu de tournois, donc finir 33e en castant à droite à gauche, avec les meilleurs joueurs du monde, c’est une belle surprise. Je ne pensais même pas passer les poules ! Les gens attendaient que je le fasse, alors je me suis dit : allez, pourquoi pas ? Et au final, c’est grandiose. »

Qu’est-ce que ça fait d’avoir un EVO en France ?

« Ah, c’est incroyable ! J’ai commencé les tournois à 16-17 ans dans des petites salles à Paris, et là, voir l’EVO chez nous, c’est fabuleux. J’ai eu la chance de faire l’EVO US et l’EVO Japan, mais avoir ça ici, c’est un step-up énorme pour le versus fighting français. Même pour l’esport français en général. Des gens viennent me voir et me disent : ‘GEN1US, ça fait 25 ans que je regarde l’EVO, et enfin je peux le vivre !’. Certains jouent ici leur tout premier tournoi offline. Je leur dis : tu as bien choisi. Commencer par l’EVO, c’est pas mal quand même ! »

Tu sembles garder cette flamme du joueur malgré tes activités d’animateur.

« Ah, le joueur, c’est ce que j’ai au fond de moi. Je suis chez la Karmine Corp, c’est la famille. J’adore caster, j’adore mettre l’ambiance, rigoler, faire vivre les matchs avec le public, mais jouer, c’est ce qui m’anime. Cet été, j’ai voulu rejouer sérieusement, m’entraîner, revivre ces émotions. Et ça a payé. Revivre la sensation de gagner sur scène, avec le public qui te pousse, c’est incroyable. Franchement, on sous-estime ce que ça fait de regagner. La victoire, ça met un petit coup de boost au cœur. Je serai toujours joueur. Sinon, je ne serais plus là. »

Toi qui as connu les éditions japonaises et américaines, comment se compare l’EVO France ?

« Franchement, on n’a pas à rougir. L’EVO à Las Vegas, c’est le rêve américain, c’est immense. L’EVO Japan, c’est la Japan Touch. Mais l’EVO France, c’est grandiose. Le dispositif est au top, l’organisation, la salle, le public… On a des créateurs de contenu incroyables : Mister MV, Solary, BMS, des joueurs de la Karmine Corp ou Vitality. Et surtout, le public français. C’est un public unique. L’ambiance des deux premiers jours était folle, et ce n’est même pas fini. Pour un premier EVO, c’est déjà un énorme succès. »

Peut-on dire que la France fait désormais partie des grandes nations de la scène FGC ?

« On peut même dire que la France, c’est le numéro un ! (rires) Bien sûr, les Coréens, les Pakistanais, les Japonais sont fabuleux, mais aujourd’hui, on a battu le record de participation avec 93 nations représentées. On voit des Européens, des Français, des jeunes comme Neia, 16 ans, qui battent des gros joueurs. C’est exceptionnel. Le retard qu’on avait sur les autres pays, on le rattrape petit à petit. La France, c’est un pays sportif, et ça se ressent dans le versus fighting. »

Tu parlais du public : ça change vraiment quelque chose de jouer à domicile ?

« Franchement, c’est énorme. D’être porté par le public, ça fait une vraie différence. Quand je suis monté sur scène, je perdais un match à zéro. Et puis j’ai fait la remontée, poussé par les cris, les potes, le public. C’était fou. Jouer chez soi, c’est un sentiment unique. Tu ressens une énergie incroyable. »

Un mot sur la fermeture de Game One ?

« On a appris ça il y a deux mois. On n’a pas eu notre mot à dire, c’est dommage. Game One, c’est une famille. Ça a marqué toute une génération. On ne pensait pas voir une telle réaction du public. Toute la France s’est mobilisée. Même Marcus a tweeté Xavier Niel ! C’est triste, parce qu’on avait une vraie communauté, une vraie fanbase. Et surtout, ça marchait bien. Mais bon, c’est le business. On espère rebondir. On discute avec l’équipe, on réfléchit à 2026. Et si la page se tourne, on pourra dire qu’on a fait le boulot. Game One, c’est une chaîne qui a marqué tout un pays. »

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