L’histoire de la Chine sur CS : ont-ils une chance au major de Shanghai ?

Le major de Shanghai est peut-être le meilleur moment pour les Chinois de briller sur CS2 (Crédit : 5eplay.com)

Dans une interview donnée à aAa, le manager de production chez Perfect World, Archer Wang, a déclaré vouloir « permettre à CS de se développer en Chine ». Mais ce n’est pas la première fois que des tournois sont organisés dans l’Empire du Milieu. Alors comment se fait-il que le pays devenu le plus peuplé du monde soit aussi discret au niveau international ?

L’arrivée de la Chine au plus haut niveau de Counter-Strike n’est pas forcément quelque chose de nouveau si l’on creuse un peu. En effet, des équipes comme TYLOO – et ce n’est pas la dernière fois que vous lirez ce nom – étaient sur le devant de la scène depuis les World Cyber Games de 2009, à l’époque de CS : Source ! Certes aidé par le fait que les phases finales de celles-ci étaient à Chengdu, c’est tout de même la preuve que la Chine n’est pas étrangère au FPS de Valve… Mais pourquoi ne les voit-on pas fréquenter ces échelons les plus hauts plus souvent ?

Des équipes en rotation constante

La première raison est tout simplement qu’aucune équipe ou organisation n’a tenu longtemps sur la scène CS… sauf TYLOO. Ce pilier du Counter-Strike chinois crée en 2007 et une exception en son genre. En effet, quasiment toutes les équipes chinoises crées dans les années 2010 n’ont survécu que quelques années avant de se dissoudre.

Flash Gaming, Invictus Gaming ou même ViCi Gaming et il y a tout juste deux mois Wings Up Gaming. Toutes des équipes qui ont dominé au niveau local avant de se faire tout bonnement décimer à l’international. C’est très simple, à l’exception de TYLOO, aucune équipe chinoise n’a réussi à ne serait-ce qu’entrer dans un top 8 (hors Invitational organisé à domicile). Suite à ces défaites cuisantes, l’équipe ne met généralement pas plus d’un an avant de se dissoudre.

Flash Gaming, 22-23ème à l’ELEAGUE Major de Boston en 2018, ViCi Gaming, 21-24ème à l’IEM Masters Cologne en 2021 et Wings Up Gaming s’est dissous il y a tout juste deux mois. Et le fait d’avoir manqué leur sortie de groupe dans les dernier Asia Championships y est très certainement pour quelque chose… Cela empêche tout roster de construire de la synergie ou assez d’expérience sur le long terme pour faire les ajustements nécessaire et s’adapter au niveau des régions occidentales.

Les Asia Championships, symbole de fierté nationale… Si la Chine pouvait en remporter un

Et justement, les Asia Championships, c’était le premier moyen pour Perfect World d’attirer les yeux des Chinois de manière générale sur cet esport. Ces championnats sont des tournois fermés où 5-6 des meilleures équipes internationales sont invitées ainsi que les meilleures équipes chinoises (dont TYLOO, sans faute), les séparant en deux groupes de 4 (et ne laissant jamais toutes les équipes chinoises dans le même groupe) avant de partir dans un bracket en top 6. Le problème ?

Après 3 éditions en plus d’un IEM à Beijing en 2019 utilisant le même format, aucune équipe chinoise n’a réussi à atteindre la finale malgré le nombre faible d’équipes présentes qui facilitent les upsets sur le papier. TYLOO sauve de nouveau l’honneur en arrivant 2 fois dans le carré final… Mais pour une compétition faite exprès pour aider la Chine à briller sur la scène internationale, elle n’a fait que démontrer l’écart entre celle-ci et le reste du monde.

TYLOO, pilier national de Counter-Strike

Cela fait maintenant beaucoup de fois que l’on mentionne TYLOO, mais à quoi ressemble leur palmarès ? Hormis leur grand catalogue de trophées à domicile et ce depuis maintenant 15 ans, il y a quelques tournois notables où les dragons chinois ont réussi à atteindre le top 8.

DreamHack Masters Malmö 2016 : Durant cette époque sombre où s1mple était chez Liquid, Tyloo les a battu eux – via un double overtime sur Cobblestone – et un Luminosity Gaming en grande forme avec FalleN, fer et coldzera lors d’un set arrivant à la game 3 pour arriver en top 8 où ils se sont fait éliminer de suite par Na’Vi.

World Electronic Sports Games 2016 : Durant la période de dominance d’EnVyUs avec un KennyS au top de sa forme, TYLOO a eu un groupe particulièrement facile avec seulement Dark Passage, une équipe turque, comme véritable menace. Après avoir battu Signature – une équipe thaïlandaise – 2-0 en huitièmes de finales, les dragons se sont fait éliminer par des EnVyUs bouillants qui finiront par remporter le tournoi.

somebody – fancy1 – Karsa – Mo – DD – Attacker, roster de TYLOO pour le DreamHack Masters Malmö 2016 et pour les Worlds Electronics Sports Games (Crédit : Adela Sznajder pour Dreamhack)

Intel Extreme Masters XIII – Sydney (2018) : Le plus haut placement de TYLOO à un major de toute son histoire. Après avoir totalement sweep son groupe, avec des victoires contre des équipes comme Cloud9 – avec tout de même des joueurs de renom comme Skadoodle, tarik et RUSH – et Renegades – la meilleure équipe australienne de l’histoire de CS:GO – ils sont arrivé dans le carré final avec une rage de vaincre… Qui s’est malheureusement fait de suite éteindre par FaZe, qui gagnera le tournoi en battant Astralis en finale. Une équipe de superstars à l’époque contenant rain, karrigan, NiKo et GuardiaN sous la même enseigne.

Roster de TYWOO pour 2018 (Crédit : ESL)

La nouvelle génération d’équipes chinoises

Mais malgré ça, de nouvelles équipes en Chine surgissent encore récemment : NewHappy a entièrement reformé son roster en 2023 et réussit aujourd’hui à tirer la bourre avec les meilleures équipes chinoises depuis plusieurs mois. Rare Atom, une des seules équipes chinoises à utiliser du talent international a également fait quelques vagueus au Blast Spring Showdown de l’année dernière, amenant BIG à une game 3…

Mais le roster chinois à surveiller de plus près aujourd’hui, c’est Lynn Vision Gaming. En effet, ces ours – associant la grande expérience de leur IGL westmelon ainsi que l’aggressivité et le jeune talent de leurs deux nouvelles recrues EmiliaQAQ et Jee – ont officiellement repris le trône chinois. Sur leurs 11 dernières rencontres face aux dragons depuis l’ajout de Jee, Lynn les a battus 8 fois en Bo3, 2 fois en Bo1 et n’ont subi qu’une seule défaite en Bo3. Elle est donc devenue de loin l’équipe la plus terrifiante de l’Empire du Milieu et l’une des plus fortes de l’Asie en générale aux côtés d’équipes comme The MongolZ, qui les a éliminé lors du major de Copenhague.

Bien sûr, la domination locale est une chose, mais faire une bonne performance à un major de Valve devant une foule à domicile serait la consécration pour toute équipe chinoise. Et pour cela, comme pour le major de Copenhague, il faudra obtenir l’une des trois places données par l’Asia-Pacific RMR… Peut-être l’occasion de voir les anciens et les nouveaux rois chinois combattre côte à côte, qui sait ?

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