Los Ratones pas encore installé en LEC : « Les autres équipes ont payé cher… leurs places seront garanties »

Par la voix de son président de l’esport, John Needham, Riot Games réaffirme sa volonté de maintenir le modèle franchisé sur le long terme en LEC.

À la veille de la finale des Worlds 2025 à Chengdu, John Needham, président de l’esport et de l’édition chez Riot Games, est revenu dans une interview accordée à nos confrères de L’Équipe sur l’état du jeu, les enjeux du modèle économique, les mutations du LEC et les ambitions internationales de League of Legends. Entre promesses d’évolution et prudence sur le modèle franchisé, le dirigeant livre une vision à long terme du futur de LoL.

T1, Faker et la domination qui fascine toujours

Alors qu’un débat grandit autour de la domination de T1 et de son icône Lee « Faker » Sang-hyeok, John Needham balaye l’idée d’une lassitude des fans. « On ne dirait pas non à plus de diversité… mais s’il faut une équipe dominante sur une période aussi longue, je suis heureux que ce soit T1. Faker est notre GOAT », explique-t-il.

Si certains s’inquiètent d’un scénario trop répétitif, les chiffres contredisent cette impression : les audiences restent exceptionnelles. « Si nos fans étaient fatigués, cela se verrait immédiatement. Or nous battons encore des records, au MSI notamment. Alors oui : T1 en finale, je signe tous les jours. »

La finale 2025 entre T1 et KT Rolster (3-2) a enregistré un pic de 6,7 millions de spectateurs en ligne, hors audience chinoise, dont 280 000 uniquement en France.

Un jeu qui vieillit, mais doit rester moderne

League of Legends fête ses 16 ans et la compétition a connu des essoufflements dans certaines régions. Needham reconnaît la nécessité de faire évoluer le titre. « Les envies des joueurs changent. Nous sommes en bataille constante pour capter leur attention. Pour y arriver, il faut faire évoluer League. Et ce n’est pas facile ! »

Riot prépare ainsi des annonces majeures pour les années à venir. « 2027 sera une année unique, je peux le garantir. Nous allons façonner une nouvelle ère de League of Legends. »

Le mode Fearless Draft, testée cette saison, fait partie des innovations les plus appréciées : « Ce changement a été très bien accueillie. Avec le First Stand, le MSI… nous avons construit une belle année 2025. »

Le LEC, les ERL et le rêve professionnel : trouver l’équilibre

Interrogé sur un potentiel système d’ascension similaire à celui de Valorant, Needham se montre prudent. « Offrir un chemin vers le professionnalisme est essentiel. Mais le modèle de partenariats sur LoL ne nous permet pas autant de flexibilité. »

Le LEC Versus, nouveauté majeure pour 2026, doit permettre à des équipes ERL – comme Los Ratones et la Karmine Corp Blue – d’affronter l’élite en début de saison. « Nous verrons comment cela fonctionne. Si l’on peut connecter tous les niveaux, alors nous pouvons offrir un rêve clair aux joueurs. »

Mais malgré la montée en puissance de clubs extérieurs, pas question pour Riot d’ouvrir totalement la ligue : « Les équipes ont payé cher pour concourir au plus haut niveau. Nous devons respecter cela. Tant qu’elles font de leur mieux pour être compétitives, leurs places seront garanties. »

Pas de remise en cause immédiate du modèle franchisé

Face aux exemples de l’Overwatch League ou de la Call of Duty League, certains clubs aimeraient repenser le modèle. Needham ne ferme aucune porte, mais calme le jeu : « Nous serons toujours ouverts à faire évoluer le sport dans la bonne direction… mais nous ne considérons pas cela aujourd’hui. »

Le test du LEC Versus sera déterminant pour envisager d’éventuels ajustements.

Des clubs extérieurs qui explosent… et Riot qui veut les inclure

L’arrivée d’entités comme KOI, la Karmine Corp, Los Ratones ou encore Gentle Mates bouleverse la hiérarchie traditionnelle. Needham y voit une richesse. « Nous voulons surprendre et ravir nos fans. C’est pour cela que nous autorisons davantage de tournois tiers : cela apporte de la diversité. »

Il se montre particulièrement enthousiaste à propos de Los Ratones : « J’adore Caedrel. Son équipe a été incroyable cette saison. J’ai hâte de les voir face aux équipes du LEC. »

Vers un grand tournoi mondial… par nations ?

Alors que le projet olympique s’est enlisé, la Nations Cup portée par l’Esports World Cup Foundation attire l’œil de Riot. « Avoir un tournoi par pays est ce qu’on nous demande le plus depuis des années. Nous en discutons avec l’Esports Nations Cup. Le faire en un an est difficile, mais nous sommes tous derrière l’idée. »

LoL et Valorant pourraient donc accueillir, dès 2026 ou 2027, une compétition internationale par nations – un rêve largement partagé par les fans.

Un avenir en mutation, mais toujours ambitieux

Entre le besoin d’évolution du jeu, la pression du modèle franchisé, la montée des clubs indépendants et l’envie croissante de formats internationaux innovants, Riot Games navigue dans une période de transition stratégique. Needham veut rester confiant : « Nous voulons construire les prochaines générations de nos jeux et de notre esport. Nous allons pousser les choses plus loin. »

L’année 2027, déjà annoncée comme un tournant historique, pourrait bien redéfinir ce que signifie jouer – et regarder – League of Legends.