« On espérait un titre, on a vécu un week-end parfait » : Joël nous raconte l’EVO France de BMS

Sur un nuage après le deuxième titre de champion de l’EVO décroché par sa structure, BMS Joël nous a accordé une interview exclusive.

La structure française BMS Esports a brillé à l’EVO France ce week-end, notamment grâce à la victoire d’Hikari sur Dragon Ball FighterZ. Après le sacre de Wawa à l’EVO 2022, le CEO Joël Digbeu Zadi revient sur ce nouveau triomphe et sur le développement de son équipe sur la scène versus fighting.

« L’EVO est terminé pour nous, et c’est un bilan parfait », savoure le patron de BMS. « Sur Dragon Ball FighterZ, on gagne le tournoi, c’était notre objectif. C’est notre deuxième EVO, et on devient la seule structure européenne à en avoir deux. Sur Tekken 8, on avait recruté une jeune joueuse qu’on gardait secrète, Neia, seulement 16 ans. Elle termine 17e, c’est énorme. Et sur Guilty Gear, Verix fait top 5. Franchement, tout le monde a dépassé nos attentes. Même avec un joueur seed 1, tu sais que tout peut arriver. Tu espères, mais tu ne peux jamais être sûr. Là, on repart avec bien plus que ce qu’on imaginait. »

Mais c’est surtout l’ambiance de ce premier EVO en France qui l’a marqué : « À Las Vegas, j’étais un peu tout seul… c’était plus triste. Là, on avait les fans, les amis, les supporters venus de partout. Gagner à la maison, c’est une autre saveur. C’est deux joies différentes. »

Son moment fort ? « Quand Hikari revient d’un 1v3. Au moment où il prend le deuxième personnage, tu sais que c’est plié. Dans l’esport, tu fêtes parfois avant la fin, quand tu sens que c’est gagné. Ce moment-là, je l’ai ressenti dans le ventre. »

L’EVO France, déjà mieux que Las Vegas ?

« C’est évidemment plus petit qu’à Las Vegas, mais bien mieux agencé. Là-bas, il y avait beaucoup d’espaces vides, ici tout est optimisé. »

L’aspect humain a aussi séduit le dirigeant : « C’est plus gamer, plus convivial. Tu croises Katsuhiro Harada, le producteur de Tekken, ou SonicFox, ils se baladent tranquillement et discutent avec tout le monde. C’est super sain comme ambiance. Même les prix étaient plus raisonnables ! À Las Vegas, une bouteille d’eau c’est 5 euros… Franchement, pour une première édition en France, c’est une totale réussite. »

Le phénomène Neia

BMS a surpris tout le monde en alignant une jeune joueuse de 16 ans sur Tekken 8. « On fait du scouting en permanence », raconte Joël. « On regarde tous les tournois, on repère les talents. Neia, on l’a vue à une Kayane Session. Kayane nous a dit : ‘C’est une super prospect’. On l’a sponsorisée pour l’UFA mais sans l’annoncer officiellement, et elle a prouvé qu’elle avait le niveau. Elle a battu un joueur qui avait gagné un Major cet été, Tibetano. À 16 ans, c’est fou. Elle était frustrée de ne pas aller plus loin, mais elle a tout l’avenir devant elle. »

Et le CEO insiste : « On ne l’a pas prise parce que c’est une fille, mais parce qu’elle est forte. Point. Elle a prouvé qu’elle méritait sa place. Dans un milieu où il y a encore beaucoup de misogynie, ça fait du bien de voir une fille fermer des bouches avec son niveau de jeu. »

« Il n’y a pas de débat : on est la meilleure structure française »

« Il n’y a pas de discussion », affirme sans détour le CEO de BMS. « On a deux EVO, un UFA, des top 8 sur tous les jeux… Les autres structures peuvent dire ce qu’elles veulent, mais les résultats parlent. »

Et quand on l’interroge sur la stratégie de Solary, qui a recruté des joueurs juste avant les finales du tournoi DBFZ : « Je n’ai pas trop aimé le move. Ça donne une image bizarre, comme si tu voulais t’assurer de gagner quoi qu’il arrive. Dans le versus, l’image, ça compte. Pour le public, ce n’est pas une super opération. »

Hikari n’efface pas Wawa des tablettes

Après le Français Wawa, champion à Las Vegas, c’est un Américain qui offre à BMS son deuxième titre de champion de l’EVO. Un coup de pouce du destin finalement assez anecdotique.

« Ce n’est pas la nationalité qui change quelque chose, c’est le lien que tu as avec ton joueur. Avec Wawa, c’était spécial. Personne ne voulait de lui à l’époque, alors qu’il était monstrueux. Il a choisi BMS alors qu’il avait d’autres offres. Il y avait une vraie histoire humaine. Ce premier EVO restera toujours à part. »

BMS sur 2XKO ?

Interrogé sur la sortie de 2XKO, le tout premier jeu de combat édité par Riot Games, Joël n’est pas du genre à s’enflammer. « Si Riot Games atteint le niveau de Street Fighter en termes de popularité et de player base, ce sera déjà incroyable. Mais je pense que beaucoup de gens surestiment l’impact de Riot. Ils ne vont pas révolutionner la scène en un claquement de doigt. En attendant la suite, on garde un œil sur leur jeu. »

Les grandes ambitions de BMS

« On veut s’ouvrir à plusieurs titres. L’objectif, c’est d’avoir un joueur sur chaque jeu à l’EVO 2026 », annonce le patron de la structure française. « On veut continuer à faire grandir le versus fighting en France. »

« Cet EVO France prouve que la scène française a le niveau pour accueillir un grand événement international », conclut-il. « Maintenant, il faut que ça grandisse encore, que la France fasse sa place comme le Japon ou les États-Unis. On est sur la bonne voie. »