En marge des Worlds 2024, dont les demi-finales se jouaient ce week-end à Paris, Rekkles s’est livré à cœur ouvert sur ses passages en Europe, en Corée, et sur son futur.
Dans une longue interview accordée à nos confrères de L’Équipe (à lire ici en intégralité : partie 1 et partie 2), Martin « Rekkles » Larsson est revenu sur de nombreux points de sa vie : son expérience en Corée du Sud avec T1, ses regrets en Europe, mais aussi ses objectifs pour la suite de sa carrière. À 28 ans, et malgré un changement de rôle d’ADC à support, le Suédois n’a pas perdu ses ambitions.
« Si je m’accorde le droit de rêver, j’aimerais jouer au plus haut niveau à nouveau. Je pense que je suis assez bon pour ça. Mais vu ma trajectoire ces dernières années, je pense que le chemin sera long et je sens que je dois ralentir un peu. Des gens pensent peut-être que je suis déjà assez bon pour le LEC ou même une équipe de bas de tableau de LCK, mais je ne pense pas que ce soit la voie à suivre. Soit je dois rester un an supplémentaire en LCK CL, pour me peaufiner en tant que support, soit je dois faire une pause pour prendre le temps de redevenir ce que j’étais, ne plus être l’ombre de l’ancien moi. Dans tous les cas, je pense qu’il y a de meilleures options que me précipiter pour revenir. Je veux être aux Worlds… OK, en fait maintenant que j’y pense, je crois que j’ai envie de gagner les Worlds à nouveau. Vous êtes en train de me le faire réaliser (sourire). Mais c’est loin. Je dois avoir une approche méthodique si je veux ne serait-ce que revenir dans l’élite. Je ne veux pas y aller si je ne suis pas prêt. C’est ce que j’ai fait l’an passé avec Fnatic, je n’étais pas assez bon, je me suis fait jeter immédiatement, et ça m’a fait plus de mal que de bien », juge avec lucidité l’ancien AD Carry de la Karmine Corp.
« Je n’ai pas eu cet objectif en tête depuis un long moment. Quand Fnatic m’a écarté (en milieu d’année dernière), je crois. J’y pensais chez G2, quand je jouais pour la Karmine Corp aussi. Ça a toujours été mon but par le passé, mais je ne sais pas si ça pourra être le cas dans le futur. J’ai eu ma chance avec Fnatic, je considère qu’avec G2 aussi… Ça me paraît si loin aujourd’hui. Je ne suis pas sûr qu’on m’offre une chance de viser ce trophée à nouveau. J’ai 28 ans, je viens de démarrer une nouvelle carrière et la ligue dans laquelle j’évoluais cette année ne qualifie même pas pour la compétition. Je ne sais pas exactement à quoi ressemblera la suite. »
Nostalgique de la période Karmine Corp
Rekkles a également évoqué quelques blessures encore ouvertes, notamment suite à son départ précipité de la scène européenne. « Quand j’ai quitté la Karmine pour Fnatic, j’ai l’impression d’avoir fait les choses trop rapidement. Si j’avais décidé de m’engager durablement avec la KC… (il hésite) On peut jouer avec cette idée : je rejoins la KCorp en 2022, je décide d’y rester, je monte en LEC avec eux, peut-être que j’y serais encore aujourd’hui ? Mais peut-être aussi que les choses se seraient déroulées différemment, ma vision des choses ne serait pas celle que j’ai aujourd’hui. À l’époque j’avais cette obsession des Worlds, je voulais y retourner le plus vite possible. Nous verrons comment les choses évoluent. J’espère, si j’arrive à proposer régulièrement de bonnes performances, si l’on parle de moi positivement, qu’on m’offrira une chance. En tout cas, je ne compte pas abandonner. »
« J’ai beaucoup de bons souvenirs, oui. Comme je l’ai dit en interview avec Caedrel (le streamer Marc Lamont, qui l’a reçu en avril), j’ai juste manqué d’énergie après la première moitié de l’année. Pendant les EU Masters, je me suis écroulé. Clément (Laparra, directeur sportif de la Karmine Corp) m’a laissé jouer la fin de la compétition depuis la Suède. Si j’avais su à l’époque ce que je sais maintenant (diagnostiqué sur le spectre de l’autisme), j’aurais fait un break après le tournoi. Je n’allais pas bien après mon année chez G2, j’ai mis du temps à l’intégrer et ce n’est pas quelque chose qui se règle en un claquement de doigts. J’ai joué le segment d’été sans être un bon joueur ni un bon coéquipier. J’étais juste en mode pilote automatique, alors que je pense que j’apportais quelque chose à l’équipe au printemps. Si j’avais fait cette pause, je pense que les choses se seraient achevées d’une meilleure façon, peut-être que j’aurais eu un futur avec la Karmine. Cet été a été vraiment merdique, Striker (Yannis Kella, coach de la Karmine à l’époque) n’appréciait pas ce que je faisais… Ça laisse un goût amer parce que j’ai passé beaucoup de bons moments avec la KC : Nice, Paris, les KCX… »