Team BDE : rencontre avec le petit poucet des Worlds de TFT

Shinopavels - Team BDE (©Pablo MASIP)

Après une première saison exceptionnelle sur TFT, la Team BDE a encore beaucoup d’objectifs et de projets en tête. On fait le point avec le patron de la structure, Habib Elheddadji.

Quelques jours après la grande finale des championnats du monde de Teamfight Tactics – le jeu de stratégie de Riot Games – on est parti à la rencontre de Habib Elheddadji (28 ans), président et cofondateur de la Team BDE. Un petit nouveau de la scène, passé du statut d’anonyme à celui de finaliste des Worlds grâce au Tunisien Briks.

Pour commencer, une petite présentation de la Team BDE s’impose.

« La Team BDE est une structure esport positionnée sur TFT, fondée par Florin Radulescu et moi-même. On s’est connu durant nos études, il y a un peu plus de 8 ans, et on est toujours resté en contact avec dans un coin de la tête l’idée de lancer un projet dans le gaming. Étant deux grands fans de Teamfight Tactics depuis le premier set, on a réfléchi pendant un an, un an et demi pour monter une structure sur le jeu et on s’est lancé le 8 août dernier.

On a choisi le nom de l’équipe en s’inspirant de celui d’un cheval de course : Boldy. Un trotteur persévérant, audacieux, féroce… autant de valeurs qui représentent aujourd’hui la Team BDE. »

Pourquoi avoir choisi TFT comme point de départ de votre projet ?

« Pour plusieurs raisons. D’abord parce que le jeu de stratégie, c’est un peu notre domaine. Mon associé Florin a 20 ans de carrière sur Dofus derrière lui, il a même atteint la première place de son serveur à l’époque. Et dès la sortie de TFT, on est tous les deux tombé amoureux du jeu. C’est aussi plus ‘simple’ de se positionner sur un jeu récent (TFT est sorti en juin 2019, ndlr). C’est tout de suite plus compliqué de se faire un nom sur CS:GO, où il y a déjà des milliers d’équipes en compétition. »

Pouvez-vous nous parler des joueurs qui composent la Team BDE ?

« Aujourd’hui, la Team BDE compte dans ses rangs un manager, un coach, cinq joueurs professionnels et un joueur semi-pro. On arrive de nulle part, donc on a voulu miser sur des joueurs déjà bien connus de la scène européenne, que ce soit par leurs performances ou leurs qualités de streamers. Notre but étant de les accompagner vers le plus haut niveau, d’en faire des challengers confirmés. D’abord sur le plan national avec la Hex League, puis lors des tournois internationaux. Ça a déjà été le cas cette année avec Briks, qui s’est qualifié pour les Worlds via le Last Chance Qualifier.

La Team BDE a aussi la volonté de former ses propres joueurs, qui sont inconnus au bataillon, pour les aider à se faire un nom. Tartatin, notre joueur semi-pro, est entouré d’un coach et de très bons coéquipiers pour apprendre à leurs côtés et passer le cap du challenger. À l’avenir, on veut bien sûr développer cette branche de formation chez BDE avec d’autres joueurs qui sortent du lot et qui ne sont qu’à un cheveu du très haut niveau. »

En parlant de Briks, pouvez-vous nous raconter votre expérience aux Worlds de TFT ?

« En tant que fan de TFT j’ai adoré ce week-end. L’organisation était au rendez-vous, on a eu le droit à du très beau spectacle. En tant que structure, c’est une grande fierté, c’est tout simplement magique… On était à la Lyon e-Sport quand on regardait les qualifications de Briks et on a sauté de joie, on est vite allé boire un verre pour fêter ça. Finalement il termine 31e sur 32 en finale, mais surtout 31e sur des millions de joueurs dans le monde. Les Worlds sont très punitifs, avec beaucoup de stress, de pression à gérer pour les joueurs. Et dans ce domaine là, les Chinois ont encore prouvé qu’ils étaient imbattables. »

Justement, comment l’Europe et la France peuvent rivaliser avec la Chine sur TFT ?

« En France, il y a beaucoup moins de compétition et d’enjeu. Pour un split de Hex League avec quelques games dans la semaine, les joueurs chinois enchaînent un tournoi à 120 000 dollars toutes les deux semaines.

Donc pour rivaliser avec les Chinois, il faudrait organiser plus de compétitions françaises. Peut-être également songer à la création d’une Division 2, comme c’est le cas sur League of Legends. Plus de joueurs auraient ainsi la possibilité de concourir à haut niveau, avec un accès moins fermé aux ligues françaises. Cette année par exemple, il n’y aura que deux nouveaux – qualifiés via l’Open Tour – en Hex League.

Mais c’est aussi aux joueurs de sortir de leur zone de confort et de tenter de prendre de vitesse les Chinois sur la méta. Avec la sortie du set 8 (disponible le 7 décembre, ndlr), il y aura peut-être un coup à jouer. »

Quels sont les objectifs de la Team BDE pour la saison à venir ?

« Le but, c’est vraiment d’avoir deux joueurs en Hex League. Au moins un cette année et un deuxième l’année suivante. En ayant déjà goûté aux Worlds, on veut forcément y retourner et aller le plus loin possible dans la compétition. Si les Chinois peuvent le faire trois fois consécutives, pourquoi pas nous ? Je pense qu’on a nos chances.

Pour moi, un joueur de la Team BDE doit aussi être capable de remporter une LAN ou un tournoi français. Ce sera aussi l’un des objectifs la saison prochaine : ramener une coupe à la maison. Ou à minima se placer dans le Top 8, comme Shinopavels cette année à la Lyon e-Sport. »

Peut-on imaginer voir la Team BDE sur d’autres jeux que TFT à l’avenir ?

« Oui. La Team BDE a pour ambition d’ouvrir d’autres branches sur des licences Riot Games. League of Legends dans un premier temps et pourquoi pas Valorant par la suite. Mais on ne veut surtout pas griller les étapes. Le risque, et l’erreur que d’autres structures commettent, serait de se lancer trop rapidement sur LoL en délaissant nos joueurs TFT. L’objectif est donc de structurer à 100% notre branche TFT, pendant 12 à 18 mois supplémentaires, avant de passer à un nouveau projet. »

Vous avez également pour ambition de “rendre accessible les jeux vidéo et la pratique de l’esport aux personnes à mobilités réduites”. D’où vient cette motivation ?

« C’est ma volonté personnelle, ayant un proche en situation de handicap dans ma famille, de rendre le jeu vidéo et l’esport accessible aux personnes à mobilité réduite. On parle de sport pour les handicapés, mais pas ou peu d’esport. Et je pense que c’est un excellent moyen de s’évader, de se divertir et d’oublier ses complexes vis à vis d’un handicap.

La Team BDE a ainsi pour objectif de s’associer à la ville de Noisy-le-Sec, en région parisienne, pour organiser des événements en 2023. Je m’inspire notamment des tournois pour seniors organisés à la Paris Game Week. J’ai trouvé ça génial et ça me donne encore plus envie d’aider les personnes handicapées à jouer et découvrir le monde du gaming. »

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