Il y a des jeux qui vous amusent, d’autres qui vous impressionnent, et puis il y a ceux qui vous touchent. Copycat fait indéniablement partie de cette dernière catégorie. Peu médiatisé, presque chuchoté dans le paysage vidéoludique, ce projet indépendant australien réalisé par seulement deux personnes m’a pris par surprise, m’a caressé le cœur… avant de m’y planter doucement ses griffes. Oui, j’ai testé ce jeu sur PS5. Oui, il est court. Et pourtant, ce serait une erreur de le balayer du revers de la patte. Voici pourquoi.
Une aventure féline pleine d’humanité
Le jeu débute dans un refuge animalier. Vous y incarnez une chatte méfiante et silencieuse, fraîchement recueillie, qu’une dame âgée nommée Olive décide d’adopter pour combler l’absence laissée par la disparition de son ancien compagnon à quatre pattes. Jusque-là, rien de bien original, me direz-vous. Mais Copycat ne tarde pas à se révéler plus profond, plus intime, plus poignant que ce que son apparente simplicité laisse présager.
Dès les premiers instants, j’ai été frappé par la justesse émotionnelle de la mise en scène. On découvre Olive, son quotidien teinté de solitude et de fragilité, et cette chatte — que j’ai appelée Dawn — qui doit réapprendre à faire confiance à l’être humain après l’abandon. L’approche est toute en retenue, presque pudique, et pourtant elle transpire l’émotion. Les choix d’actions (griffer, mordre, attendre, approcher…) ne sont jamais gratuits : ils expriment quelque chose.
On est loin du jeu-gimmick qui surfe sur la popularité des félins. Copycat ne cherche pas à vous faire miauler pour faire joli. Il veut que vous ressentiez ce que c’est que de renaître dans un monde qu’on ne comprend pas — un monde fait de gestes tendres, de silences lourds, d’abandons sourds.
Des thématiques rares, traitées avec respect
Ce qui rend Copycat si marquant, c’est le choix — audacieux — de ses sujets : la vieillesse, la solitude, la maladie, le rejet, mais aussi la résilience, la reconstruction et l’instinct de survie. Rarement un jeu indépendant (et surtout, aussi modeste dans ses moyens) m’a autant fait réfléchir sur ce que signifie « accueillir un animal », mais surtout sur la façon dont l’amour peut panser les blessures… ou les rouvrir.
Le jeu alterne entre phases de découverte, moments d’interaction, QTE légers, séquences de rêve oniriques, et même moments d’infiltration. Chaque morceau du gameplay, même minimaliste, a un rôle narratif. Ce n’est pas un titre qui cherche la performance technique, mais plutôt la sincérité.
Et honnêtement ? Ça marche. J’ai souri. J’ai été ému. J’ai même eu la gorge nouée à plusieurs reprises — notamment lors d’un rebondissement majeur que je ne spoilerai pas ici, mais qui m’a pris par surprise. Cette capacité à faire passer un message aussi fort avec aussi peu de moyens mérite le respect.
Une direction artistique pleine de charme (et de courage)
Graphiquement, Copycat ne joue pas dans la cour des grands. Les modélisations sont simples, les textures parfois un peu datées. Et pourtant… quel charme. La direction artistique parvient à transcender ces limites techniques. Les jeux de lumière, les ambiances selon le moment de la journée, les lieux traversés — tout est pensé avec goût. Mention spéciale aux séquences de rêve, dans lesquelles notre chatte se voit transfigurée en panthère, avec une patte graphique totalement différente, inspirée par les documentaires animaliers et les cultures africaines. Un régal.
Et que dire de la bande-son ? Pianotée avec douceur, elle nous accompagne comme un ronronnement discret mais constant. Les doublages (VOSTFR) sont réussis, et la voix off digne d’un documentaire National Geographic est une idée absolument brillante qui m’a souvent arraché un sourire attendri. Un coup de patte de maître.
Un gameplay minimaliste, mais au service du propos
Soyons honnêtes : les phases de jeu ne vous tiendront pas en haleine par leur complexité. Le gameplay est simplifié à l’extrême, peut-être un peu trop pour certains. On parle ici de déplacements, d’interactions contextuelles, de QTE accessibles. Il n’y a pas de défis, pas de game over, pas d’échecs. Certains pourraient y voir une faiblesse — personnellement, j’y ai vu un choix artistique assumé.
Le but n’est pas de vous challenger, mais de vous faire vivre quelque chose. Cela dit, j’aurais apprécié une option de difficulté ou un peu plus de liberté dans certaines actions, surtout dans les moments plus dynamiques. Et oui, les courtes phases où le chat dort sont dispensables — mais elles durent à peine quelques secondes et peuvent servir à poser l’ambiance.
Une courte durée, mais une densité émotionnelle forte
Le jeu se termine en environ 3 à 4 heures. Cela peut sembler peu, surtout dans un marché habitué aux open-world tentaculaires. Et pourtant, j’ai trouvé cette durée parfaitement calibrée. Le rythme est maîtrisé, la narration tendue comme un fil, les émotions toujours au rendez-vous. On ne s’ennuie jamais, et on ressort de cette expérience… un peu différent.
Le Trophée Platine est d’ailleurs assez simple à décrocher, ce qui pourra séduire les complétionnistes. Un petit bonus amusant à une aventure déjà bien remplie de sens.
Quelques défauts, mais rien de grave
Je ne vais pas prétendre que Copycat est parfait. Il ne l’est pas. Les temps de chargement entre les chapitres (toutes les 5 à 10 minutes) peuvent surprendre, surtout sur PS5 où l’on est habitué à la fluidité absolue. De même, les choix que l’on fait en cours de route ont une portée purement symbolique — l’histoire reste globalement la même, peu importe nos décisions.
Mais à aucun moment ces légères faiblesses ne sont venues entacher mon expérience. Elles sont presque anecdotiques, tant le reste du jeu brille par son humanité et sa cohérence.
Conclusion – Un petit bijou indépendant à ne surtout pas manquer
En posant ma manette à la fin de Copycat, j’ai pensé à cette phrase :
« Ce n’est pas la taille qui compte, c’est l’intention. »
Et Copycat en déborde, d’intention. Il est humble, imparfait, mais profondément sincère. Il aborde des sujets que peu de jeux osent effleurer, encore moins en mettant le joueur dans la peau d’un chat. Il ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à faire passer un message. Et il le fait avec brio.
Alors oui, ce jeu est court. Oui, son gameplay est simpliste. Mais il vous marquera. Il vous parlera. Il vous fera peut-être verser une larme. Et tout cela, pour moins de 15€ ? Il serait franchement dommage de passer à côté.
Ma note : 16/20
À découvrir absolument si vous aimez les jeux narratifs, les chats, ou simplement les belles histoires. Bravo à Sam et Kostia, et longue vie à Spoonful of Wonder.
Qu’on leur donne plus de moyens, de visibilité, de soutien. Ils le méritent amplement.
Ruben Dias, pour les amoureux des jeux sincères, des animaux fidèles, et des récits qui grattent là où le cœur se cache.
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