Le sextuple champion du monde a évoqué sa carrière, ses ambitions et sa vision de l’esport lors d’un échange inédit avec Kim Min-seok.
Lee « Faker » Sang-hyeok a accordé un entretien rare et fort de sens au Premier ministre sud-coréen Kim Min-seok, diffusé sur la chaîne YouTube officielle du gouvernement. L’occasion pour le sextuple champion du monde de revenir sur son triplé historique aux Worlds 2025, tout en livrant une réflexion profonde sur sa carrière et l’avenir de l’esport. « Gagner les Worlds, c’est comme un rêve pour les joueurs professionnels. Cette fois, nous avons eu la chance de réussir le triplé. Je n’aurais jamais imaginé gagner trois fois de suite », confie-t-il avec humilité, qualifiant cet accomplissement « d’honneur ». Un sommet sportif qui n’efface pourtant pas, à ses yeux, la dureté du métier.
Une vocation difficile, même pour la prochaine génération
Interrogé sur la possibilité de voir son propre enfant devenir joueur professionnel, Faker surprend par sa grande prudence. « Si je devenais parent, je voudrais d’abord comprendre pourquoi mon enfant veut faire ça à ce point. C’est une question très concrète, très réaliste », explique-t-il, admettant qu’il ne pourrait « pas dire oui aussi facilement ». Une retenue nourrie par son vécu : « Devenir pro, c’est difficile. Jouer plus de dix ans à ce niveau était déjà quelque chose de presque impossible à imaginer ». À ses débuts, l’inquiétude était aussi financière : « Ma première peur était de savoir si je pourrais vraiment gagner ma vie », avant de reconnaître que, même sans garanties, cette carrière restait « une expérience précieuse ».
Leadership, lectures et vision critique de l’industrie
Longtemps décrit comme discret et introverti, Faker raconte sa transformation en leader au fil des années. « Je ne suis pas vraiment quelqu’un fait pour diriger. Je jouais seul chez moi, sans trop interagir avec les autres », admet-il, avant d’expliquer avoir volontairement travaillé cet aspect : « J’ai lu des livres sur le leadership. Pour gagner, il faut savoir réconforter, encourager et aider ses coéquipiers à mieux jouer ». Une évolution intellectuelle qui nourrit aussi son regard sur l’industrie : « L’esport est mondialement reconnu, mais l’industrie du jeu vidéo, elle, ne l’est pas encore vraiment. J’ai l’impression qu’on privilégie trop souvent le profit à court terme ». Sa conviction est claire : « J’espère que les jeux pourront dépasser le simple divertissement et apporter de l’inspiration et une influence positive à beaucoup de personnes ».
Une gratitude intacte envers les fans
Malgré les titres, les responsabilités et les critiques, Faker reste animé par une motivation constante : le public. « Plus ma carrière avance, plus mon sentiment de gratitude envers les fans grandit », assure-t-il. « Leur attention et leur amour sont devenus mon objectif et ma source de motivation ». Une déclaration à l’image du joueur : conscient de son statut, lucide sur les failles du système, mais profondément attaché à la dimension humaine de l’esport.













