SkewMond (G2) : « Je ne perdrai jamais parce que j’ai peur de jouer »

SkewMond - G2 Esports

Le Français Rudy « SkewMond » Semaan a soulevé hier son premier titre de champion du LEC avec G2 Esports. Après la victoire éclatante face à KOI (3-0), il nous a accordé une petite interview.

Félicitation ! Ça fait quoi d’être champion d’Europe ?

« Franchement, c’est un sentiment incroyable. Je suis très content, surtout parce qu’on a eu une progression énorme tout au long de l’année. Quand je repense aux deux finales perdues, on n’avait rien montré, c’était frustrant. Aujourd’hui, on a vraiment affiché un niveau supérieur. Et gagner devant une foule aussi immense, c’est un bonus. En plus, réussir à calmer un peu le public en battant KOI dans leur stade, c’était assez fou. »

Que retiens-tu du match d’aujourd’hui ?

« La troisième manche a été assez simple : dès le niveau 1, on a pris l’avantage et la partie est devenue facile à jouer. Les deux premières, en revanche, étaient plus serrées. La deuxième surtout a été décisive : quand on s’est fait ace, on a réussi à revenir immédiatement, à les tuer et à prendre le Nashor. Ça a été le tournant de la série, ça nous a donné le momentum et KOI n’a jamais réussi à s’en relever. Et puis, après notre défaite contre eux au Spring, cette revanche avait une saveur particulière. »

Comment s’est passée ton adaptation chez G2 ?

« Après le Spring Split, j’ai vraiment trouvé une meilleure connexion avec Labrov. Notre duo a beaucoup progressé, et ça a permis à toute l’équipe de mieux s’exprimer. On a appris à garder le contrôle dans nos games sans forcément avoir un énorme avantage. La communication a été clé, aussi bien en scrims qu’en match. On l’a montré tout au long de l’année, et je suis très content de notre progression. »

Tu sembles ne pas subir la pression malgré ta première année en LEC. Comment l’expliques-tu ?

« On a un coach performance, Isma, qui m’a aidé toute l’année sur l’aspect psychologique. Il m’a appris à mieux gérer le stress, surtout en début de saison. Bien sûr, avant un match, j’ai parfois un peu de trac, comme tout le monde. Mais dès que je suis assis sur ma chaise, la pression disparaît. Je n’ai pas peur de jouer. Je joue mon jeu, tout simplement. Même contre les meilleures équipes du monde – Gen.G, T1, BLG – je ne me suis jamais dit : ‘Waouh, je suis en train d’affronter Canyon, Chovy, Faker ou Oner’. Je joue, et si l’adversaire est meilleur, il gagne. Mais une chose est sûre : je ne perdrai jamais parce que j’ai peur de jouer. »

Avec Labrov, vous avez été les deux meilleurs aujourd’hui. Est-ce lié à votre connexion particulière et à votre envie de prouver ?

« L’envie de prouver, on l’a toujours eue. Mais je pense que Labrov s’est libéré cette année. Il joue plus naturellement, sans stress, et il s’est beaucoup ouvert au reste de l’équipe. On a développé une vraie relation, et ça se ressent en jeu. C’est quelqu’un de très drôle, et surtout très fort, malgré les critiques qu’il a pu recevoir, comme moi. Aujourd’hui, on a prouvé qu’on méritait notre place chez G2. »

Comment évalues-tu ton niveau par rapport aux autres junglers en Europe ?

« Honnêtement, je me vois au-dessus des autres aujourd’hui. Ce n’est pas quelque chose que je pouvais dire aux deux splits précédents, mais j’ai beaucoup progressé. La synergie avec Labrov m’a permis de briller. On s’est compris, et les gens ont vu qu’on joue très bien, qu’on n’est pas des clowns. Ça a tout changé. »

En arrivant chez G2, quelles étaient tes attentes ?

« Je ne pensais pas faire trois finales dès ma première année. C’est énorme. Peut-être que je m’attendais à gagner un titre, mais pas à aller aussi loin à chaque split. Beaucoup pensaient que G2 allait dominer comme l’an dernier malgré deux nouveaux joueurs, mais c’est beaucoup plus difficile que ça. Gagner ce trophée, ça montre le travail accompli et je suis vraiment très heureux. »

Que représente ton titre de MVP ? Une revanche sur le titre de Rookie de l’année ?

« Pas du tout. Caliste méritait son titre, il a été plus constant que moi sur le début de saison, et il a gagné un trophée. Je n’ai pas été surpris par son sacre, et je suis très content pour lui, c’est un ami de longue date. Pour moi, le MVP de la finale, c’est un bonus. Ce qui compte vraiment, c’est le titre collectif. »

Comment allez-vous préparer les Worlds en Chine ?

« Je suis super excité. C’est un rêve de gosse d’y participer. On part très vite : demain on rentre en Allemagne, et quelques jours plus tard, on s’envole directement pour la Chine afin de bootcamp. Tout s’enchaîne très vite, mais partir là-bas avec un titre européen, ça donne confiance. »

Tu parles d’excitation plus que de pression ?

« Exactement. Peut-être qu’il y aura un peu de pression sur les premières games, mais une fois devant mon écran, je joue comme d’habitude. Affronter les meilleures équipes du monde, c’est surtout un honneur. Et pourquoi pas soulever un autre trophée ? »

Y a-t-il des équipes que tu aimerais affronter en particulier ?

« FlyQuest, déjà. On les avait joués au MSI et j’avais très mal joué. Les rematch serait une belle revanche. Sinon, évidemment, affronter les équipes coréennes et asiatiques, c’est toujours spécial. Rejouer contre Gen.G ou T1, contre Canyon ou Oner, que je considère comme les deux meilleurs junglers du monde, serait une opportunité incroyable. J’aimerais bien prouver ce que je vaux face à eux. »

Tu seras, avec Hans Sama, le seul Français présent aux Worlds. C’est un objectif pour toi de représenter la France ?

« Ce n’était pas forcément ma première pensée, mais oui, c’est un honneur. J’espère qu’avec Hans, on montrera de belles choses et qu’on représentera bien la France. »

Pour conclure, un message pour les fans français ?

« Merci pour le soutien tout au long de l’année. Ce n’était pas simple, surtout après mes mauvaises finales et nos résultats internationaux. Avec Labrov, on était les nouvelles recrues, et c’était facile de nous critiquer. Mais certains ont toujours cru en nous. Aujourd’hui, je suis heureux qu’on ait prouvé qu’on méritait leur confiance. »

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