Il est des jeux qui ne se livrent pas au premier regard. Des titres qu’on aborde avec une certaine méfiance, voire une pointe de déception, avant de se rendre compte qu’ils réservent en fait bien des surprises.
Cattle Country fait indéniablement partie de cette catégorie. Testé sur Nintendo Switch, ce simulateur de vie agricole, développé par Castle Pixel et édité par Playtonic Friends, m’a doucement mais sûrement conquis.

Une prise en main qui demande un peu de patience
Dès les premières minutes, Cattle Country n’affiche pas ses ambitions. L’interface est simple, presque austère. La personnalisation de notre personnage, bien que présente, est extrêmement pixelisée et minimaliste. On choisit un nom, une coiffure, une tenue… rien de révolutionnaire. Graphiquement, on reste dans une esthétique très pixel art, qui pourrait rebuter les amateurs de visuels plus modernes.
Mais une fois la première nuit passée dans sa tente, le jeu commence à révéler sa véritable nature.
L’appel de l’Ouest et de la terre
Le scénario, certes classique, est porté par un charme indéniable : on quitte la ville pour une vie meilleure dans l’Ouest, accueilli par Jeb le cocher, puis par Archibald Fairfax, le maire du village. Celui-ci nous offre les outils de base : houe, hache, pioche, arrosoir… À vous de choisir entre exploitation agricole, chasse, minage ou vie sociale. Le monde s’ouvre, librement, et chaque chemin offre sa propre richesse.
C’est cette liberté, rythmée par des journées débutant à 6h00 et se terminant à 2h00, qui donne au jeu toute sa saveur. L’énergie de notre personnage est limitée et il faut veiller à ne pas s’épuiser, au risque de finir à l’hôpital avec une amende. Un détail qui pousse à la gestion fine du temps et des activités.

Un gameplay riche et progressif
Là où Cattle Country brille, c’est dans sa richesse progressive. Après avoir labouré et planté vos premiers brocolis, vous découvrirez les joies de la fabrication d’objets via l’établi : chaises, torches, barrières, épouvantails… tout se construit pas à pas.
La progression dans les différents domaines – agriculture, minage, pêche, chasse, cueillette – est intuitive et récompensée par de nouvelles recettes et compétences. Le jeu encourage à la polyvalence, à développer chaque pan de notre exploitation.
Un univers vivant et attachant
Le village est peuplé de 22 personnages, chacun avec sa personnalité propre. On peut leur parler, leur offrir des cadeaux, voire même se marier avec l’un d’eux. Ces interactions, bien que simples, ajoutent une touche humaine bienvenue. Mention spéciale au facteur survolté, toujours en train de courir !
Les festivals, les courriers réguliers contenant des cadeaux, les quêtes affichées sur le panneau de la ville… tout cela contribue à créer une vraie dynamique de village.
La mine, terrain d’aventure
La partie minage m’a particulièrement plu. On y retrouve des sensations proches de SteamWorld Dig. On creuse dans toutes les directions à la recherche de minerais rares, en posant échelles, plateformes et torches. Le casque de mineur fourni est un joli clin d’œil et l’ambiance dans les profondeurs est réussie. Il faut bien se préparer, sous peine de finir à l’hôpital encore une fois.
Les bestioles hostiles rajoutent un peu de piquant, mais ceux qui préfèrent la détente peuvent désactiver les ennemis dans les options. Une excellente idée qui permet de s’adapter à tous les profils de joueurs.

Des systèmes bien rodés
La pêche, bien que simpliste, reste agréable avec un mini-jeu de réflexe. L’agriculture, elle, repose sur une planification rigoureuse : chaque saison dure 31 jours, et les plantes ne survivent pas au changement brutal. Arroseurs automatiques, graines variées, cuisine de plats énergisants : tout est pensé pour faire évoluer votre ferme vers une entreprise prospère.
Avec le temps, on obtient des machines pour transformer ses ressources, du matériel pour décorer ou personnaliser sa maison et ses terres. Cette personnalisation, loin d’être anecdotique, contribue à l’immersion et à l’attachement que l’on développe pour sa ferme.
Quelques petites lourdeurs techniques
Tout n’est pas parfait, bien sûr. Les temps de chargement sont un peu longs entre les zones, ce qui peut freiner l’exploration spontanée. La lenteur des déplacements aussi peut agacer dans les premières heures. Heureusement, on s’y habitue.
Côté traduction, quelques erreurs subsistent mais ne nuisent pas à la compréhension. L’interface gagnerait à être peaufinée, mais une simple mise à jour pourrait corriger cela.
Une ambiance sonore et visuelle charmante
Graphiquement, Cattle Country est très pixelisé mais attachant. Les maisons sont adorables, rappelant des maisons de poupée. Chaque bâtiment a sa propre ambiance, et la carte dégagent une chaleur rustique. Ce n’est pas bluffant, mais c’est cohérent et plein de charme.
Les musiques sont discrètes, parfois un peu trop, mais jamais agaçantes. Les bruitages remplissent leur rôle, sans grande fantaisie, mais avec efficacité.

Un titre qu’on apprend à apprécier
En conclusion, Cattle Country n’est pas le jeu le plus impressionnant de la Nintendo Switch. Mais il s’inscrit dans la lignée de ces titres qu’on apprivoise avec le temps, qui récompensent la persévérance par une expérience riche et gratifiante. Ceux qui aiment les jeux de gestion de vie tranquilles, à la Stardew Valley, y trouveront largement leur compte.
Ce n’est pas un jeu qui cherche à tout réinventer, mais un titre qui exécute bien ses idées, et qui propose un univers attachant, une progression satisfaisante, et une liberté d’action bienvenue. Avec un peu de patience, il s’impose comme une excellente alternative pour les amateurs de gestion agricole sur Switch.
Note personnelle : Un très bon jeu, à savourer sans se presser, comme un bon plat mijoté dans sa ferme pixelisée. Bravo Castle Pixel, et merci pour cette belle surprise.