Après une édition 2024 qui avait laissé un goût d’inachevé, Codemasters et EA Sports reviennent en force avec F1 25, un opus qui, sans chambouler les fondations de la série, parvient à remettre les roues dans l’axe et à offrir une expérience nettement plus équilibrée et raffinée. J’ai eu la chance de le tester pendant une semaine sur PlayStation 5, et autant dire que l’impression globale est très positive. Oui, on reste sur une base connue, mais celle-ci a été suffisamment retravaillée pour donner un nouveau souffle à la licence.

Commençons par le mode qui nous accueille dès l’ouverture du jeu : Braking Point, ou “Point de Rupture” dans sa version francisée. C’est la troisième apparition de ce mode scénarisé après les éditions 2021 et 2023. Ici, pas de révolution narrative, mais une vraie volonté de donner un ancrage émotionnel à notre progression. Le retour des personnages comme Aiden Jackson ou Devon Butler et de l’écurie fictive Konnersport fait plaisir à voir.
Le mode alterne séquences de pilotage, cinématiques très bien mises en scène, interviews, choix de dialogues et navigation dans des hubs interactifs. Le tout est très fluide et bien rythmé, et si le scénario reste linéaire dans le fond, les efforts pour étoffer les personnages et leur donner plus de profondeur sont à saluer.
Il faut bien le dire : même si l’histoire ne nous marquera pas à vie, elle se suit agréablement. On prend plaisir à incarner ces pilotes au destin souvent dramatique, à relever les défis techniques qui nous sont imposés, et à découvrir petit à petit les ramifications de cette saga F1 fictionnelle. Ce n’est pas un chef-d’œuvre narratif, mais c’est une belle manière de plonger dans l’univers de la F1 autrement qu’avec des chronos.

Carrière et My Team 2.0 : les vrais piliers de cette édition
S’il y a une vraie réussite dans cet opus, c’est bien la refonte du mode My Team, désormais en version 2.0. Ici, on délaisse enfin le concept un peu daté du pilote-propriétaire, pour se concentrer sur la gestion pure de son écurie. On incarne un véritable manager, responsable de ses deux pilotes, de la stratégie de développement, du marketing, du personnel et des sponsors. Et c’est particulièrement prenant.
La richesse des fonctionnalités est bluffante : il faut planifier les activités entre les courses, gérer les objectifs de chaque pilote, recruter (ou même chasser) des légendes comme Senna ou Schumacher, négocier les contrats, suivre l’évolution des départements techniques… tout cela sans perdre en accessibilité, même pour ceux qui ne sont pas rompus à la simulation.
Côté mode carrière classique, peu de bouleversements, mais une continuité bienvenue. On peut toujours choisir de jouer un pilote existant, un personnage fictif, ou même incarner l’un des protagonistes du film F1 (avec Brad Pitt), grâce à l’intégration du mode F1: The Movie. Là encore, une belle idée pour diversifier l’expérience de jeu sans trop s’éloigner de l’univers central.

Un pilotage peaufiné, entre arcade et réalisme
Sur la piste, F1 25 trouve enfin un vrai équilibre. Le gameplay a été amélioré, particulièrement au niveau des sensations de freinage et de l’adhérence. Oui, il y a encore quelques moments où la monoplace semble vouloir danser la lambada en sortie de virage, surtout à basse vitesse, mais le ressenti global est nettement plus naturel qu’en 2024.
J’ai pris un plaisir sincère à piloter sur circuit, même sur les tracés les plus délicats comme Monaco, ce qui est un exploit en soi ! La gestion du patinage, les possibilités de jouer avec la répartition de freinage, la réactivité du volant… tout cela donne une expérience intuitive mais exigeante, surtout si vous coupez les aides. Le jeu permet aussi une accessibilité remarquable : que vous soyez novice ou vétéran, vous trouverez un niveau de défi adapté à votre profil.
Graphismes et immersion : la F1 dans toute sa splendeur
Visuellement, F1 25 ne révolutionne rien, mais solidifie sa base. Le moteur graphique reste le même, mais l’attention au détail est plus poussée. Plusieurs circuits, comme Melbourne, Imola ou Suzuka, ont été scannés au laser, offrant des reproductions ultra-précises, non seulement de la piste, mais aussi des abords et infrastructures.
Les animations, les livrées personnalisables, les météos dynamiques, tout contribue à créer une immersion de haute volée. On a vraiment l’impression de faire partie du paddock, surtout lors des week-ends complets avec séances d’essais, qualifications, et Grand Prix. Le tout est sublimé par une interface claire, des menus enfin plus ergonomiques, et une bande-son sobre mais efficace.

Nouveautés intéressantes (même si parfois timides)
Plusieurs ajouts viennent enrichir le contenu sans pour autant tout chambouler :
- Circuits inversés (Spielberg, Silverstone et Zandvoort) : une idée originale, rafraîchissante, mais malheureusement un peu trop limitée.
- Pilotes icônes disponibles pour toutes les écuries : un clin d’œil sympa aux fans nostalgiques.
- Gestion poussée des contrats et objectifs : désormais plus réaliste, avec des échéances en fin de saison.
- Système de spécialistes : ils vous proposent des objectifs spécifiques, ce qui dynamise les week-ends de course.
- Éditeur de livrées enrichi : pour les créateurs en herbe, les possibilités sont désormais bien plus vastes.
Ce sont des ajustements bienvenus qui, sans être spectaculaires, contribuent à rendre l’ensemble plus cohérent et plus complet.
Une intelligence artificielle perfectible, mais engagée
Côté IA, on note toujours quelques comportements un peu rigides. Les adversaires peuvent parfois paraître trop dociles dans certaines lignes droites ou exagérément agressifs en virage. Mais dans l’ensemble, ils offrent une opposition solide et rendent les duels en piste bien plus intenses que par le passé.
Le niveau de réalisme dans la gestion des drapeaux, voitures de sécurité, et procédures en Grand Prix (y compris l’obligation de deux arrêts à Monaco) est très immersif. On a le sentiment d’être dans un vrai week-end de F1.
Quelques petits regrets, sans jamais gâcher l’expérience
Bien sûr, F1 25 n’est pas exempt de petits défauts, mais ils n’altèrent jamais le plaisir de jeu :
- La création de pilotes est toujours limitée : les avatars sont datés, peu expressifs, et manquent de personnalisation.
- Certains menus restent complexes à appréhender au premier abord, notamment dans la gestion de My Team.
- Le moteur graphique commence à vieillir : on aimerait un petit bond technique dans les prochaines années.
- Braking Point pourrait aller plus loin : une narration encore un peu trop linéaire malgré les efforts.
Mais encore une fois, ce sont des limites compréhensibles qui ne viennent jamais ternir une expérience globalement très réussie.
Verdict : un tour de piste très convaincant
F1 25 n’est peut-être pas une révolution, mais il s’agit clairement d’une véritable consolidation des bases de la licence. Le gameplay a été peaufiné, les modes de jeu ont gagné en richesse, la réalisation technique est solide, et surtout, le plaisir de jeu est bien là, à chaque tour de roue.
Pour ceux qui aiment la Formule 1, qu’ils soient pilotes aguerris ou amateurs du dimanche, ce cru 2025 est une réussite qui mérite votre attention. Entre les efforts d’immersion, la profondeur du contenu, et le plaisir de pilotage accru, F1 25 est tout simplement le meilleur opus depuis plusieurs années. Il ne révolutionne pas la série, non, mais il lui redonne du souffle, de la cohérence et surtout, envie d’y revenir encore et encore.
Du contenu dense, une conduite peaufinée, un mode My Team plus vivant que jamais. F1 25 nous embarque pour une belle saison. En attendant mieux l’année prochaine ? Peut-être. Mais en attendant, on prend énormément de plaisir.