Lorsque j’ai lancé Chickenhare and the Treasure of Spiking-Beard ou Hopper et le Trésor de Barbe-Pique en Français sur PS5, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Adapté des films Netflix, eux-mêmes basés sur les bandes dessinées de Chris Grine, ce titre développé par N-Zone s’inscrit dans la longue tradition des jeux de plateforme “cinématographiques”, un genre souvent destiné aux plus jeunes mais capable de séduire les vétérans du genre grâce à ses mécaniques solides et son univers attachant.
Un univers coloré et fidèle à la licence
L’univers de Chickenhare est immédiatement identifiable. Le jeu plonge le joueur dans un monde plein d’humour et de fantaisie, où Hopper, mi-lièvre mi-poulet, part à la recherche des sept gemmes de la Plume Arc-en-Ciel, aidé par Meg, la mouffette experte en arts martiaux, et Abe, la tortue au coup de carapace dévastateur. L’aventure est simple et linéaire : un bon gars contre un méchant pirate, Spiking-Beard, hérisson redoutable, avec des cinématiques rythmées ponctuées de dialogues humoristiques. Le scénario n’est pas complexe, mais il remplit parfaitement sa fonction de fil conducteur pour un jeu de plateforme familial, et il crée un cadre léger et divertissant qui convient à son public.
La direction artistique est l’un des points forts du jeu. Les couleurs vives, les décors détaillés et les animations expressives des personnages contribuent à renforcer la sensation de participer à un véritable film d’animation interactif. Sur PS5, les modèles des personnages sont nets et bien texturés, avec des environnements lumineux et variés allant des villes aériennes aux forêts luxuriantes, en passant par les volcans en activité. Certaines zones, comme l’archipel des Houhous, montrent un vrai palier artistique avec des décors riches et vivants qui font plaisir à explorer.
Trois héros, trois approches différentes
Ce qui distingue réellement Chickenhare des plateformes classiques, c’est sa mécanique de changement de personnages. Chaque protagoniste dispose de capacités spécifiques qui forcent le joueur à réfléchir et à alterner :
- Hopper, pour le platforming et le swing avec son fouet, parfait pour atteindre des plateformes éloignées.
- Meg, pour le combat direct, capable de neutraliser les ennemis avec ses coups de poing… et ses tactiques de mouffette décalées.
- Abe, la tortue, idéal pour briser des obstacles, glisser sur des pentes ou activer des mécanismes.
L’idée est excellente, car elle oblige le joueur à observer le décor et à choisir la bonne capacité pour avancer. Les passages les plus réussis naissent de cette nécessité de jongler entre les personnages, même si, dans les faits, chacun reste cantonné à sa fonction spécifique. Cette restriction ne gâche pas l’expérience ; elle simplifie au contraire le gameplay pour un public jeune tout en laissant assez de challenge pour les plus expérimentés qui souhaitent collecter tous les objets.
Gameplay : accessible mais engageant
Le gameplay s’articule autour de l’alternance entre séquences en 3D et passages en 2D latérale, rappelant les classiques comme Crash Bandicoot ou Spyro, tout en apportant des idées originales : puzzles lumineux, sections musicales ou combats de boss détournant les mécaniques de base. Cette variété rythme bien la progression et évite la monotonie. Les amateurs de plateforme reconnaîtront immédiatement les influences, mais Chickenhare se les approprie avec suffisamment de personnalité pour ne pas se sentir comme une simple copie.
Si la difficulté de base est accessible, un véritable challenge réside dans la collecte des trésors et des pièces, qui demande précision et patience. Un cercle jaune indique la zone d’atterrissage, mais l’inertie du personnage rend les plateformes fines un peu délicates à négocier, ce qui crée des moments légèrement frustrants, mais jamais rédhibitoires. Les combats, simples mais efficaces, restent faciles, adaptés à un public familial, et les boss, bien que peu coriaces, bénéficient d’une mise en scène inventive qui fait sourire.
Points techniques et confort de jeu
Sur PS5, le jeu tourne de manière fluide et stable, offrant une expérience visuelle et sonore agréable. Les environnements 3D et les séquences 2D sont bien rendus, la caméra automatique gère correctement les angles, et les animations des personnages sont convaincantes. On note quelques limitations mineures : certains sauts nécessitent un timing précis, et les contrôles peuvent sembler légèrement rigides lors des changements rapides de personnages. Rien de dramatique, mais c’est un petit rappel que le jeu vise avant tout l’accessibilité et le plaisir immédiat.
L’interface est claire et intuitive. Les icônes, menus et options sont simples à comprendre, et les mécaniques de changement de personnage via les gâchettes tombent naturellement sous les doigts après quelques minutes de pratique. Le confort de jeu est donc globalement satisfaisant, même si certains passages demandant précision peuvent provoquer quelques erreurs mineures.
Ambiance et direction artistique
La bande-son est sympathique, mais reste discrète et secondaire par rapport aux visuels. Les bruitages, quant à eux, sont efficaces et renforcent le côté cartoon et humoristique de l’aventure. Les cinématiques reprennent le style des films, ce qui renforce la cohérence avec la licence. On se sent véritablement immergé dans cet univers animé, même si les personnages auraient gagné à voir leur personnalité plus développée à travers des interactions supplémentaires.
Les environnements, bien que variés, ne bouleversent pas le gameplay, mais leur réalisation artistique compense largement. Les biomes aériens, volcaniques ou forestiers restent agréables à parcourir, et la richesse visuelle donne un vrai plaisir à explorer chaque niveau, même si certains motifs se répètent légèrement en fin de partie.
Durée de vie et rejouabilité
L’aventure dure environ 4 à 5 heures, ce qui peut sembler court pour les habitués de la plateforme 3D, mais elle reste suffisante pour un public jeune ou pour une première expérience avec la licence. Le vrai challenge se situe dans la collecte complète des trésors, des pièces et la réalisation parfaite des niveaux. Ces éléments donnent une bonne rejouabilité et un vrai sentiment de satisfaction aux complétistes.
Points forts
- Trois personnages complémentaires avec des styles de jeu différents.
- Alternance 2D/3D qui rythme la progression.
- Idées originales et variées de gameplay : puzzles lumineux, séquences musicales, boss inventifs.
- Direction artistique colorée et fidèle à l’univers des films.
- Gameplay accessible pour les jeunes joueurs, mais avec des défis pour les complétistes.
Points à nuancer
- Durée de vie relativement courte (4 à 5 heures).
- Quelques passages demandant précision peuvent frustrer légèrement.
- Les personnages sont cantonnés à des rôles spécifiques, limitant leur usage dans certains contextes.
- La bande-son est correcte mais pas mémorable.
Ces points n’enlèvent rien à l’expérience globale, qui reste plaisante, colorée et divertissante.
Conclusion – Un platformer familial réussi
Chickenhare and the Treasure of Spiking-Beard est un jeu de plateforme qui réussit son pari : offrir une aventure famille-friendly, visuellement séduisante, accessible et amusante, avec un minimum de challenge pour les complétistes. Les mécaniques de changement de personnages, l’alternance 2D/3D et la direction artistique soignée font de ce titre une expérience agréable sur PS5, idéale pour les jeunes joueurs ou les amateurs d’univers animés.
Certes, le jeu n’atteint pas la profondeur ou la durée de vie des mastodontes du genre, et certaines mécaniques demandent un peu d’adaptation, mais cela n’empêche pas Chickenhare de se distinguer par son identité propre et son humour attachant.
