Au micro de Zack Nani, le Belge a raconté plus en détail son parcours, d’un compte emprunté à la Karmine Corp.
Durant près de quatre heures dans l’émission Zack en Roue Libre, Raphaël « Targamas » Crabbé s’est livré sans détour. De son enfance à Bruxelles jusqu’à son retour chez la Karmine Corp, le support belge retrace une trajectoire à contre-courant, marquée par la rigueur familiale, la passion spontanée, les doutes profonds et une quête de sens dans un esport parfois déshumanisé.
Une jeunesse libre mais structurée
Issu d’une famille d’indépendants, Targamas grandit dans une maison où travail et liberté coexistent. Ses parents, déjà en télétravail bien avant la pandémie, accordent une grande importance aux études. « C’était assez libre à la maison, tant qu’on bossait à l’école », résume-t-il. Même lorsque le jeu vidéo prend une place centrale, un compromis est trouvé : partir chez Giants en 2018, oui, mais avec l’engagement de repasser son bac si cela échoue.
L’école, sans y croire
Brillant mais détaché, Raphaël se décrit comme un « élève de fond de classe » qui dort, mais retient l’essentiel. Il décroche malgré tout une première année en école d’ingénieur de gestion, avant d’abandonner à la seconde. « Il y avait un cours où on devait apprendre 200 pages de droit… j’arrivais plus à me forcer. »
SoloQ, instinct et premiers exploits
Il débute LoL sur le compte de son frère, et grimpe vite : Master à 14 ans, Challenger à 15. Sans coach, il se forme seul, en observant les meilleurs. « J’adorais essayer de comprendre pourquoi les mecs faisaient tel move. » C’est là que se forge son sens du jeu.
De la LAN Poitiers à la LFL
Targamas se fait remarquer sur la scène française : ESL, Glory4Gamers, LANs… Il bat Melty et Millenium à 16 ans avec une équipe sans structure. Puis il intègre GamersOrigin en 2017. « On gagnait tout. Et pourtant, on était payés 300 balles pendant que d’autres touchaient des milliers. » Il y découvre la vie d’équipe et les routines pro.
Giants 2018 : premier saut en LEC… et première chute
Contacté en urgence par Giants, il accepte sans préparation. « C’était un peu colonie de vacances. On gagne quatre games, puis on perd tout. » Derniers du split, l’équipe se disloque. Targamas rentre à Bruxelles. Une désillusion formatrice : « J’ai compris que j’étais pas prêt. »
Le rebond : Misfits Premier, puis Karmine Corp
Retour en LFL chez Misfits Premier en 2020, puis la révélation avec la Karmine Corp en 2021. « C’était l’année où j’ai rejoué avec plaisir. » Avec KC, il remporte les EUM, trouve une alchimie rare avec ses coéquipiers et découvre la ferveur des fans. C’est la relance.
G2 : l’élite, le vide et la question du “pourquoi”
Fin 2021, il signe chez G2. Une machine bien huilée, mais sans chaleur. « Tu gagnes, tu restes. Tu perds, tu dégages. » Il gagne le Spring 2022, joue les Worlds. Pourtant, le vide s’installe. « Je lançais soloQ et je me disais : à quoi bon ? » Il déplore l’absence de vrai suivi mental. Tout devient mécanique. Il arrête, volontairement.
Aujourd’hui : lucidité et retour aux sources
Targamas est de retour chez KC en 2024, avec un regard plus apaisé. Il a pris du recul, compris ses besoins. Loin de l’euphorie du LEC, il cherche désormais à construire une carrière qui a du sens. À jouer pour les bonnes raisons.