Le genre du roguelite est aujourd’hui plus vivant que jamais… peut-être même trop. Chaque mois, de nouveaux titres viennent tenter leur chance dans une arène déjà bien remplie, dominée par des références difficiles à détrôner. Dans ce contexte, SWORN, développé par une équipe composée d’anciens de Riot Games, Blizzard et Niantic, avait une carte intéressante à jouer : s’appuyer sur la légende arthurienne pour proposer une relecture sombre et coopérative du genre.

Le jeu n’est pas la révolution attendue, mais il propose une expérience honnête, parfois très plaisante, surtout lorsqu’elle est partagée à plusieurs. Un titre qui montre un vrai potentiel, même s’il ne parvient pas toujours à exploiter pleinement toutes ses idées.
Camelot est tombée
SWORN nous plonge dans une version particulièrement sombre du mythe arthurien. Camelot n’est plus qu’un royaume en ruines, gangrené par la folie d’un roi Arthur corrompu et de chevaliers de la Table Ronde devenus de véritables abominations. Merlin, figure emblématique du mythe, nous appelle à l’aide afin de purifier ce monde rongé par le mal.
Sur le papier, l’univers est extrêmement séduisant. Revoir des figures comme Arthur, Lancelot ou Mordred sous un angle macabre fonctionne immédiatement. Malheureusement, la narration reste assez discrète, presque trop. Les dialogues sont succincts, les cinématiques rares, et l’histoire se dévoile surtout par petites touches. Cela laisse parfois une impression de sous-exploitation de cet univers pourtant riche, même si l’ambiance générale suffit à maintenir l’intérêt.

Quatre héros liés par un serment
SWORN propose quatre personnages jouables, déblocables progressivement :
- Le Chevalier, orienté tank et corps-à-corps
- La Sorcière, spécialiste des attaques à distance et des sorts
- Le Moine, agile et polyvalent
- Le Spectre, furtif et mobile
Chaque héros dispose de plusieurs armes et compétences, permettant de varier sensiblement les styles de jeu. J’aurais aimé que ces personnages soient un peu plus incarnés, un peu moins anonymes, mais leur gameplay distinct compense largement ce manque de caractérisation narrative.
La variété d’armes et de bénédictions permet de tester différentes synergies, et c’est clairement l’un des plaisirs majeurs du jeu : expérimenter, mourir, recommencer, ajuster son build. Sur ce point, SWORN respecte parfaitement les codes du genre.
Un gameplay classique mais efficace
Manette en main, SWORN se montre assez immédiatement accessible. On enchaîne les salles, on élimine des vagues d’ennemis, on récupère des ressources, puis on avance vers un boss. La structure est très classique, presque scolaire, mais elle fonctionne.
Les combats sont exigeants, parfois même assez punitifs. Le timing des esquives et des parades est serré, laissant peu de place à l’erreur. Cette difficulté peut surprendre au début, mais elle apporte aussi une vraie tension lors des affrontements, en particulier contre les boss, qui demandent observation, patience et adaptation.
Le gameplay manque parfois d’un peu de fluidité et de précision, surtout lorsqu’on le compare aux cadors du genre. Les sensations sont bonnes, sans être exceptionnelles, mais suffisamment solides pour donner envie d’enchaîner les runs.

Une progression lente, mais gratifiante
Comme tout bon roguelite, SWORN repose sur une progression basée sur la répétition. Chaque mort renvoie le joueur au hub, où il peut améliorer son personnage grâce aux ressources accumulées. La montée en puissance est volontairement lente, ce qui peut donner l’impression que les premiers runs stagnent un peu.
Cependant, cette lenteur a aussi un effet positif : chaque amélioration se ressent réellement. Chaque nouvelle arme débloquée, chaque bénédiction maîtrisée apporte un sentiment de progression tangible. Ce n’est pas un jeu qui récompense immédiatement, mais plutôt un titre qui demande de l’investissement et de la patience.
La coopération, véritable cœur de l’expérience
Là où SWORN se distingue réellement, c’est dans sa dimension coopérative. Jouable jusqu’à quatre joueurs, le titre prend une toute autre dimension une fois partagé. Les synergies entre personnages deviennent essentielles, la communication prend le dessus, et les combats gagnent en lisibilité et en stratégie.
À plusieurs, le jeu est clairement plus fun, plus dynamique et moins frustrant. La complémentarité des rôles permet de mieux gérer la difficulté, et certaines mécaniques prennent enfin tout leur sens. En solo, l’expérience reste correcte, mais elle ne révèle pas tout le potentiel du jeu.

Une direction artistique inspirée
Visuellement, SWORN adopte un style peint à la main très marqué, rappelant certaines œuvres de bande dessinée, notamment celles de Mike Mignola. Les contrastes sont forts, les ombres prononcées, et l’ambiance générale dégage un charme sombre indéniable.
Les environnements, bien que parfois un peu répétitifs, réussissent à instaurer une atmosphère pesante et mystérieuse. On aurait aimé davantage de variété dans les biomes et un level design plus audacieux, mais l’identité visuelle reste cohérente et agréable.
La bande-son accompagne efficacement l’action, renforçant la tension lors des combats et l’aspect épique des affrontements contre les figures mythologiques.
Une expérience solide, sans révolution
SWORN n’invente pas grand-chose, et c’est sans doute là sa principale limite. Dans un marché saturé de roguelites, il est difficile de se démarquer sans une mécanique forte ou une identité de gameplay vraiment unique. Le jeu fait beaucoup de choses correctement, sans jamais atteindre l’excellence absolue.
Cela dit, il serait injuste de le réduire à un simple « roguelite de plus ». Son univers arthurien sombre, sa coopération bien pensée et son gameplay exigeant en font une proposition sérieuse, capable d’offrir de très bons moments, surtout entre amis.
Points positifs
- Un univers arthurien sombre et accrocheur
- Une coopération jusqu’à quatre joueurs très plaisante
- Une direction artistique inspirée
- Des combats de boss exigeants et mémorables
- Une vraie profondeur dans les builds et les synergies
Points à nuancer
- Une narration trop discrète
- Une progression parfois lente
- Un gameplay solide mais peu novateur
- Un level design assez classique

Conclusion – Un bon roguelite, surtout à plusieurs
SWORN est un jeu sympathique, doté de solides fondations et de belles intentions. S’il peine à réellement se démarquer dans un genre ultra-concurrentiel, il parvient néanmoins à proposer une expérience cohérente et engageante, surtout en coopération.
Ce n’est pas le Graal du roguelite, mais c’est une aventure honnête, exigeante et parfois grisante, qui saura séduire les amateurs du genre prêts à s’investir. Avec quelques ajustements supplémentaires et une meilleure exploitation de son univers, SWORN pourrait encore gagner en impact.
En l’état, c’est un titre que j’ai apprécié pour ce qu’il est, sans attentes démesurées, et qui mérite qu’on s’y attarde, surtout si vous avez des compagnons d’armes sous la main.











