
Il y a des jeux qui arrivent avec un bruit de moteur assourdissant, portés par les ambitions, les promesses et les années de développement. Rennsport est de ceux-là. Depuis ses premières phases d’alpha puis de bêta, le titre de Competition Company traîne derrière lui la réputation d’un projet façonné pour les puristes du simracing. Un de ces jeux censés, ni plus ni moins, redéfinir la manière dont on vit la course automobile derrière un écran.
À force d’en entendre parler, j’étais curieux. Curieux de savoir si cette simulation, qui nourrit autant d’espoirs que de critiques, pouvait tenir la route — surtout sur PS5, un terrain où les Assetto Corsa, Gran Turismo ou même Automobilista 2 ont déjà posé leurs marques avec plus ou moins de brio.
Après plusieurs dizaines d’heures au volant, entre sessions en solo, tours acharnés sur Monza et Spa-Francorchamps, et soirées complètes à tester le multijoueur crossplay, je peux le dire honnêtement : Rennsport n’est pas un monstre sacré, ni un fiasco. C’est une simulation sincère, exigeante, perfectible, parfois un peu sage, mais qui m’a offert de vrais bons moments.
Oui, il y a des défauts. Oui, le jeu manque encore d’ampleur. Mais ce qu’il fait bien, il le fait avec sérieux. Et même si les critiques sont nombreuses, j’ai pris plaisir à découvrir son approche, à sentir les voitures vibrer, et à mesurer tout le potentiel qui s’y cache.
Une arrivée sur PS5 avec beaucoup d’attentes… et une approche très “simulateur”
Dès le lancement sur PS5, Rennsport donne le ton. Menus sobres, interface fonctionnelle, réglages de périphériques soignés, calibrage complet pour les volants et pédaliers… on comprend tout de suite l’ADN du jeu : c’est une simulation pure, pas un jeu grand public.
La présentation est sérieuse, presque trop sage. Pas de cinématiques, pas d’effets tape-à-l’œil. On est là pour conduire, pas pour se laisser guider par un show visuel. Cela pourra sembler austère à certains, mais en tant que joueur habitué à jongler entre différents simulateurs, j’apprécie cette simplicité.
Le jeu met tout de suite l’accent sur la physique, le retour de force, la précision du volant. L’ambition est claire : offrir un outil propre, lisible, immersif, qui respecte les codes du simracing moderne.
Une physique crédible, rigoureuse, peut-être un peu trop sage
Une fois en piste, j’ai senti ce que les développeurs voulaient transmettre : une simulation cohérente, sérieuse, qui ne triche pas avec les ressentis.
Les transferts de masse, la gestion du grip, la montée en température des pneus, la perte d’adhérence progressive… tout est là, propre, logique, maîtrisé. Il n’y a pas de comportement aberrant, pas de réactions artificielles. La voiture bouge comme une vraie.
Avec une manette, la direction fonctionne correctement — ce n’est pas la plus expressive du marché, mais elle reste exploitable. Avec un volant, les sensations sont plus fines, même si le retour de force peut sembler un peu linéaire. Il manque parfois cette petite nervosité qui fait grimper l’adrénaline dans les simulateurs les plus pointus.
Mais objectivement, la base est là. Elle est sérieuse, stable, et surtout cohérente à tous les niveaux.
Ce n’est peut-être pas la physique la plus vivante du marché, mais elle reste crédible, propre, agréable. On sent que Competition Company vise juste — il leur manque simplement la petite touche de personnalité qui rendrait cette conduite mémorable.
Une expérience solo correcte… mais qui manque de saveur
C’est probablement le point qui a le plus divisé les joueurs : le solo.
Soyons clairs : Rennsport ne cherche pas à offrir une carrière scénarisée ou une progression narrative. On enchaîne des événements, des sessions, des courses. C’est simple, fonctionnel… mais un peu froid.
L’IA, surtout, manque parfois de spontanéité. Elle est cohérente, elle suit proprement ses trajectoires, mais elle manque d’agressivité et de variété dans les comportements. Rien de dramatique, rien d’injouable — mais pas de quoi vibrer non plus.
J’ai vécu quelques situations étranges, des freinages un peu tardifs, des trajectoires hésitantes… mais rien qui m’a gâché le plaisir. J’ai plutôt eu le sentiment d’un système qui a besoin d’être peaufiné pour pleinement s’épanouir.
Le solo ressemble davantage à un entraînement prolongé qu’à une carrière profonde. Ce n’est pas un défaut en soi — c’est une direction assumée. On sent que le cœur du jeu est ailleurs.
Le multijoueur : là où Rennsport montre ses forces
C’est en ligne que Rennsport prend réellement son envol.
Serveurs stables, matchmaking efficace, crossplay solide entre PC, PS5 et Xbox. La structure est claire, lisible, bien pensée.
Le système de licences impose une conduite propre et stimule l’apprentissage.
Chaque contact excessif est pénalisé, chaque écart hors piste signalé. Le jeu encourage le fair-play — quitte à parfois se montrer un peu tatillon.
Mais globalement, c’est dans ce mode que j’ai passé mes meilleurs moments.
Des grilles de 24 pilotes, des courses propres, des qualifications fluides… Et surtout : des sensations authentiques, un vrai plaisir à chercher la ligne parfaite, à pousser la voiture au bon moment, à éviter les excès.
Les sessions hebdomadaires toutes les cinq minutes donnent vraiment un rythme au multijoueur. Ça tourne bien, ça va vite, et ça fonctionne.
Il manque encore une dimension communautaire — ligues, saisons, événements massifs — mais la base est solide, réellement solide.
Un Unreal Engine 5 encore un peu capricieux, mais la PS5 s’en sort honorablement
Visuellement, Rennsport souffle le chaud et le froid.
L’Unreal Engine 5 a un potentiel dingue, mais il est aussi très exigeant, et le jeu n’en tire pas encore toute la magie.
Sur PS5, j’ai vu :
- des reflets crédibles et une belle luminosité,
- mais aussi du popping,
- des textures tardives,
- un aliasing présent,
- quelques artefacts d’ombres,
- et un rétroviseur parfois capricieux.
Rien qui rende le jeu injouable, loin de là.
Mais des détails qui montrent qu’un peu de polish supplémentaire ferait beaucoup de bien.
La PS5 maintient ses 60 FPS, et ça, c’est essentiel.
La priorité semble avoir été la fluidité — et je préfère mille fois un framerate stable à un rendu visuel qui force le hardware dans ses limites.
Le son suit la même logique : propre, crédible, mais pas encore totalement immersif.
Les moteurs manquent parfois de puissance ou de grain. Les ambiances de circuit manquent de vie. Rien de grave, mais rien de transcendant.
Contenu : propre, mais limité
C’est l’un des points les plus commentés.
Rennsport propose :
- 19 voitures,
- 13 circuits,
- quelques variantes climatiques,
- et un mode solo fonctionnel mais minimaliste.
C’est cohérent, mais ça manque clairement d’ampleur pour rivaliser avec les mastodontes du genre.
Rien d’alarmant — le jeu est jeune, appelé à grandir — mais on ressent un côté “début de cycle”.
Cependant, il faut bien reconnaître que la qualité est là.
Les circuits sont bien modélisés, les voitures sont distinctes, les scans laser sont fidèles. On aurait juste aimé plus.
Critiqué pour son contenu limité, pour son aspect parfois sage, pour ses ambitions e-sport encore en construction… il a rapidement été catalogué comme “trop simple”, “trop tôt”, “trop peu”.
Et pourtant, en jouant sur PS5, manette comme volant, j’ai ressenti autre chose. J’ai senti une sincérité, une volonté claire de bien faire, de poser des bases propres, cohérentes, et surtout ambitieuses pour l’avenir.
Tout n’est pas parfait, loin de là.
Mais rien ne m’a empêché de prendre du plaisir.
Rien ne m’a frustré au point de lâcher la manette.
Et surtout : rien ne m’a donné l’impression d’un jeu malhonnête ou bâclé.
Rennsport est un projet jeune, sérieux, encore en construction, et qui mérite qu’on lui laisse le temps de trouver son rythme.
Verdict : Une simulation sérieuse, prometteuse, mais encore en rodage
Au final, Rennsport sur PS5 est une simulation honnête, solide dans son pilotage, rigoureuse dans son en ligne, mais encore limitée sur certains aspects techniques et structurels.
C’est un jeu qui, malgré ses défauts, m’a donné envie de m’acharner, d’apprendre ses voitures, d’enchaîner les tours, de revenir après chaque course. Il ne révolutionne pas le simracing, mais il apporte assez de sérieux et d’idées pour mériter sa place.
Les points positifs
✓ Une physique crédible et cohérente
✓ Un multijoueur robuste, vraiment plaisant
✓ Le crossplay bien géré
✓ 60 FPS stables sur PS5
✓ Interface claire, calibrage complet
✓ Une volonté évidente de bien faire
Les points à améliorer
⚠️ Contenu encore limité
⚠️ IA solo un peu sage
⚠️ Visuel inégal sous Unreal Engine 5
⚠️ Ambiance sonore correcte mais pas marquante
⚠️ Quelques petites incohérences et bugs
Un jeu sympa, parfois critiqué, clairement perfectible, mais qui propose une base saine et un vrai plaisir de conduite. Une simulation sérieuse, encore en construction, mais définitivement à surveiller.
