Initialement prévu comme un simple DLC de Dying Light 2: Stay Human, le projet a tellement évolué qu’il est devenu un standalone à part entière. Et franchement, c’est une excellente chose, car ce nouvel épisode a une vraie identité, une atmosphère unique et un gameplay qui m’a tenu en haleine du début à la fin.

Le retour d’un héros brisé : Kyle Crane
L’un des plus grands plaisirs de ce titre, c’est sans conteste le retour de Kyle Crane, le héros du premier Dying Light. On le croyait perdu à jamais après les événements d’Harran, et le retrouver, transformé par plus d’une décennie de captivité et de torture, donne tout de suite une dimension dramatique forte à l’histoire.
Crane est méconnaissable, à la fois physiquement et psychologiquement. Les expériences du cruel Baron l’ont changé en profondeur, en faisant de lui une sorte de créature mi-homme mi-infecté. Et c’est précisément cette dualité qui rend l’aventure si prenante. Dès les premières minutes, on comprend qu’il n’est plus le même, et que cette fois-ci, son chemin sera pavé de vengeance et de rage.
Une narration efficace et brutale
Le scénario n’est pas révolutionnaire, mais il fonctionne à merveille. Crane s’échappe de son enfer grâce au chaos provoqué par un autre cobaye et décide de traquer le Baron, son bourreau, dans les terres reculées de Castor Woods. Guidé par Olivia, une mystérieuse voix à la radio, il va devoir affronter les « chimères », créatures monstrueuses issues des expériences du Baron.
Chaque chimère est une épreuve à part entière, avec son design, ses pouvoirs et sa mise en scène. Certes, la structure de ces combats reste globalement la même – une phase de traque suivie d’un duel dans une arène – mais l’intensité et la variété des affrontements font vite oublier cette répétitivité. Pour ma part, j’ai adoré l’aspect « chasse » qui précède chaque boss, et le sentiment de puissance qu’on ressent une fois le combat remporté.
La narration se permet même quelques belles surprises dans ses dernières heures, offrant des révélations qui m’ont agréablement surpris. Oui, certaines ficelles sont prévisibles, mais globalement, l’histoire tient en haleine et donne envie d’aller toujours plus loin.

Le mode « Beast » : jouissif et brutal
La grande nouveauté de cet épisode, c’est bien sûr le « Beast Mode ». Au fil des combats, Crane remplit une jauge de rage qui, une fois déclenchée, le transforme en véritable machine de guerre. Les coups de poing pulvérisent les zombies, les enchaînements sont d’une brutalité jouissive, et l’effet visuel qui accompagne cette métamorphose renforce encore l’immersion.
Au début, ce mode s’active automatiquement, mais en progressant, on débloque de nouvelles attaques et surtout un meilleur contrôle sur ce pouvoir. C’est grisant, et même si j’aurais aimé que la narration exploite davantage cette part « bestiale » de Crane, en jeu, c’est un régal. On sent la puissance, on ressent l’impact de chaque coup, et c’est exactement ce que j’attends d’un tel système.
Castor Woods : une nouvelle aire de jeu
L’action de Dying Light: The Beast se déroule dans Castor Woods, une vallée alpine magnifique. Dès les premières minutes, j’ai été séduit par les paysages : forêts denses, rivières scintillantes, montagnes enneigées et ce petit village pittoresque qui sert de terrain de jeu principal.
C’est d’ailleurs dans ce village que le parkour brille le plus. Courir de toit en toit, passer par les fenêtres, utiliser un lampadaire pour se projeter… j’ai retrouvé le plaisir brut que j’avais découvert dans le premier Dying Light. L’environnement urbain, même à petite échelle, reste le meilleur terrain de jeu pour ce système de déplacement.
À l’extérieur, la carte peut sembler plus vide, mais elle compense par une ambiance pesante et une vraie beauté visuelle. Les grands espaces donnent une impression d’isolement qui colle parfaitement au ton sombre de l’aventure. Et pour varier un peu les déplacements, quelques véhicules viennent ponctuer l’exploration, permettant de transformer un trajet en véritable massacre de zombies sur la route.

Un gameplay varié et addictif
Outre le parkour et le Beast Mode, The Beast propose un arsenal impressionnant. Armes blanches, armes à feu, explosifs, tout est là. Les sensations sont excellentes, surtout grâce aux dégâts localisés : frapper un infecté à la jambe pour le déséquilibrer ou lui asséner un coup fatal à la tête est toujours aussi satisfaisant.
Les armes se cassent, comme dans les précédents opus, mais ce système pousse à constamment renouveler son équipement et à tester de nouvelles approches. Quant aux armes légendaires disséminées sur la carte, elles apportent une dose de fun supplémentaire, souvent accompagnée d’un clin d’œil à la pop culture.
Les arbres de compétences complètent ce système, avec des améliorations pour le combat, la survie, le parkour et bien sûr le côté bestial de Crane. La montée en puissance est fluide, gratifiante, et on sent vraiment la progression du personnage au fil des heures.
La nuit, toujours plus terrifiante
Dans The Beast, la nuit redevient une véritable épreuve. Oubliez les éclairages un peu trop généreux de Dying Light 2 : ici, c’est l’obscurité totale. Seule votre lampe torche éclaire quelques mètres devant vous, et chaque bruit dans les bois peut annoncer une embuscade.
Les Rapaces, ces infectés redoutables, sont encore plus menaçants, et une simple poursuite peut vite tourner au cauchemar. J’ai rarement ressenti autant de tension dans un jeu de zombies que lors de mes escapades nocturnes dans Castor Woods. Ce retour à une ambiance oppressante est, selon moi, l’une des grandes réussites de ce standalone.
Une durée de vie honnête
Comptez une dizaine d’heures pour finir l’histoire principale, et facilement le double si vous explorez Castor Woods à fond. Entre les quêtes annexes, les collectibles (statues, documents, plans d’armes, tenues), les zones sombres à explorer et les lieux à sécuriser, il y a de quoi faire.
Certes, certaines activités reprennent des éléments déjà vus dans Dying Light 2, mais elles restent efficaces et surtout, elles s’intègrent bien dans l’univers.
Un habillage sonore et visuel soigné
Techniquement, The Beast tient la route. Ce n’est pas le jeu le plus impressionnant visuellement de la PS5, mais les environnements sont détaillés, les textures soignées, et la lumière joue un rôle essentiel dans l’immersion. De jour, Castor Woods est magnifique, de nuit, il devient cauchemardesque.
Côté audio, Olivier Derivière signe encore une fois une bande-son marquante. Les thèmes savent alterner entre tension, émotion et adrénaline, et les bruitages renforcent l’immersion, qu’il s’agisse des grognements des infectés ou du craquement des armes au contact.
Les petits défauts
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Le monde ouvert manque parfois de variété, certains déplacements rallongent artificiellement la durée de vie faute de voyage rapide, et le Beast Mode aurait pu être encore plus intégré à l’histoire.
Mais soyons honnêtes : ce sont des détails qui n’entachent en rien le plaisir général. The Beast reste une aventure intense, fun et parfaitement cohérente dans l’univers de Dying Light.
Verdict
Dying Light: The Beast est bien plus qu’un simple spin-off : c’est un retour aux sources qui rappelle pourquoi la licence a marqué les esprits. Le parkour est toujours aussi jouissif, les combats ont gagné en brutalité, l’ambiance nocturne est plus oppressante que jamais, et le retour de Kyle Crane donne une profondeur émotionnelle à l’ensemble.
Ce standalone réussit à combiner action, horreur et exploration avec une belle maîtrise. Et même si quelques imperfections subsistent, elles sont largement éclipsées par tout ce que le jeu réussit avec brio.
En quittant Castor Woods, je n’avais qu’une seule pensée : Techland a encore trouvé le moyen de réinventer sa formule sans la dénaturer. Et ça, c’est un vrai tour de force.