
Cela faisait longtemps que je n’avais pas replongé dans un jeu de plateforme aussi nostalgique. Quand Bandai Namco a annoncé Pac-Man World 2 Re-PAC sur Nintendo Switch, j’ai immédiatement ressenti ce petit frisson qu’on éprouve lorsqu’un pan de notre enfance s’apprête à revenir à la vie. Après le remake du premier épisode en 2022, c’est au tour de Pac-Man World 2 – sorti à l’origine en 2002 sur PlayStation 2, Xbox et PC – de s’offrir une seconde jeunesse. J’ai pris ma Switch, lancé le jeu, et me suis laissé happer par cette aventure jaune et bondissante. Et si tout n’est pas parfait, difficile de ne pas saluer la sincérité du projet et les efforts réels déployés pour moderniser une formule qui, à défaut d’être révolutionnaire, reste diablement attachante.
Une histoire simpliste, mais fidèle à l’esprit Pac-Man
Ne nous mentons pas : on ne joue pas à Pac-Man World 2 Re-PAC pour son scénario. Le pitch, simple comme bonjour, reprend les codes classiques des productions familiales japonaises. Alors que Pac-Man se repose paisiblement au Pac-Village, ses éternels ennemis – Inky, Blinky, Pinky et Clyde – viennent dérober les fruits dorés du Pac-Arbre, libérant par inadvertance Spooky, un fantôme maléfique scellé depuis 5 000 ans. Résultat : Pac-Land est en danger, et notre héros rond comme une gomme doit partir récupérer les fruits volés et renvoyer Spooky dans les limbes.
Rien d’original ici, mais cette légèreté fait partie du charme. Les cinématiques, bien que parfois inutiles ou trop bavardes, rappellent l’esprit naïf et bon enfant des productions de l’époque. On sent la volonté de Now Production et Bandai Namco de respecter le matériau d’origine, sans chercher à intellectualiser l’univers de Pac-Man.
Et même si certains dialogues frôlent la caricature, le ton reste amusant et jamais lourd. Pour ceux qui veulent simplement jouer, les scènes sont d’ailleurs skippables à tout moment.
Un gameplay simple, mais étonnamment précis
Côté prise en main, le remake reprend les bases solides de Pac-Man World Re-PAC 1, tout en peaufinant quelques mécaniques. Le plaisir est immédiat : sauter, rebondir, donner des coups de pied ou lancer des Pac-gommes — tout répond au doigt et à l’œil. Les contrôles sont précis, ni trop lourds ni trop légers, et la maniabilité globalement excellente.
Sur Switch, la fluidité reste bonne (malgré un framerate parfois inégal selon les zones), et on apprécie la possibilité d’utiliser la roulade pour accélérer ou grimper des pentes.
Une nouveauté bien pensée est la possibilité de flotter légèrement dans les airs, ce qui facilite les sauts millimétrés et corrige l’un des gros défauts de l’épisode original : les chutes injustes. Le curseur jaune sous les pieds de Pac-Man est un ajout simple, mais incroyablement efficace. C’est le genre de petite amélioration de qualité de vie qui change tout.
Le système de rebond, lui aussi affiné, offre un vrai plaisir d’exécution. En appuyant au bon moment, on déclenche un rebond surpuissant qui assomme les ennemis proches et permet d’atteindre des hauteurs inaccessibles autrement. Ce “timing jump” donne une petite dimension technique bienvenue, surtout pour les joueurs qui aiment optimiser leur parcours.
Certains bonus sont toujours de la partie : la Bille de métal, par exemple, qui rend Pac-Man insensible et lui permet de marcher sur la lave ou de plonger sous l’eau sans problème. La Super Pac-gomme, évidemment, permet de croquer les fantômes pour engranger des vies supplémentaires. Et la Bille minuscule, bien que sous-exploitée, ajoute quelques phases d’exploration originales.
Des phases variées, pas toujours égales mais souvent fun
Ce qui surprend, c’est la diversité du gameplay. Pac-Man World 2 Re-PAC propose plusieurs séquences qui brisent la routine : glissades sur glace, exploration sous-marine, shoot’em up en sous-marin ou même passages en rollers.
Toutes ne se valent pas, mais chacune a le mérite d’apporter une respiration.
Les niveaux en rollers sont probablement les plus réussis : la maniabilité est fluide, le rythme soutenu et les sensations vraiment agréables. On retrouve un vrai plaisir arcade, simple et instinctif. À l’inverse, les séquences de patinage sur glace m’ont un peu frustré : la physique y est capricieuse, les contrôles manquent de précision, et il est fréquent de rater un objet ou de glisser malgré soi. Rien de dramatique, mais cela contraste avec la souplesse du reste du jeu.
Les passages sous-marins sont plus équilibrés : Pac-Man s’y déplace naturellement, et la petite touche d’inertie est bien dosée. Les niveaux entiers sous l’eau ne brillent pas par leur originalité, mais ils restent courts et agréables à parcourir.
Enfin, les phases de shoot’em up sont un petit clin d’œil bienvenu : rien de révolutionnaire, mais un bon moyen de varier les plaisirs entre deux séquences de plateforme.

Un level design punitif mais gratifiant
C’est sans doute ici que Pac-Man World 2 Re-PAC brille le plus.
Le level design est malin, bien construit et souvent surprenant. Chaque monde (glace, lave, nature, etc.) propose une progression claire et lisible, avec un bon équilibre entre pièges, plateformes mouvantes et secrets à dénicher. Les développeurs ont su alterner entre linéarité et exploration, en offrant parfois des raccourcis intelligents pour éviter la lassitude lors des retours en arrière.
La difficulté monte vite, parfois un peu trop, mais jamais de façon injuste. Certains passages — notamment les niveaux où une boule géante vous poursuit — peuvent être frustrants à cause d’une caméra parfois capricieuse, mais les checkpoints réguliers viennent adoucir la punition.
Et si vraiment vous avez du mal, le mode “fée” permet de jouer avec une difficulté réduite sans dénaturer l’expérience.
En revanche, viser le 100 % s’avère long et exigeant. Entre les fruits à collecter, les missions spéciales et les médailles en contre-la-montre, le jeu demande de la persévérance. Heureusement, tout n’est pas à refaire après chaque mort : les objets collectés restent enregistrés, un choix malin qui encourage la progression sans frustration.
Une technique correcte, sans éclat
Sur Nintendo Switch, Pac-Man World 2 Re-PAC affiche un rendu honorable sans jamais impressionner. Les graphismes sont “propres”, colorés, lisibles — mais les textures trahissent vite l’âge du jeu. Certains décors paraissent un peu vides, et les ombres manquent parfois de finesse.
Rien de catastrophique, mais on sent que la console est à ses limites : en arrière-plan, le framerate des ennemis chute parfois drastiquement, donnant une impression de saccade visuelle.
Le jeu propose néanmoins deux modes d’affichage : “fluidité” et “résolution”. En mode portable, j’ai privilégié la fluidité, plus agréable pour ce type de gameplay dynamique. Le mode résolution, lui, apporte un rendu légèrement plus net, mais en 30 FPS seulement. Dans les deux cas, Pac-Man reste fluide et réactif, ce qui est l’essentiel.
Les animations, quant à elles, sont charmantes. Pac-Man respire littéralement la bonne humeur, avec ses sourires, ses mimiques et ses petites danses de victoire. Les fantômes, eux aussi, ont bénéficié d’un soin particulier : leurs mouvements sont expressifs, leurs attaques variées, et l’ensemble donne au jeu une personnalité chaleureuse et cohérente.
Quelques bugs mineurs subsistent : collisions étranges, T-pose occasionnelle ou mur invisible. Rien de rédhibitoire, mais cela rappelle que le titre reste avant tout un remake “modeste”.
Une bande-son rétro qui fait mouche
La musique, fidèle à l’esprit Pac-Man, est un vrai plaisir auditif. Chaque monde a ses propres thèmes, légers et dynamiques, et les réarrangements sont réussis. Ce n’est pas une bande-son qui marquera l’histoire, mais elle accompagne parfaitement l’action sans jamais lasser.
Le sound design est tout aussi soigné : les bruitages des Pac-gommes, des rebonds et des fantômes sont immédiatement reconnaissables et ravivent de bons souvenirs d’arcade.
J’aurais simplement aimé un doublage français pour renforcer l’immersion — les voix anglaises font le travail, mais restent anecdotiques.
Une durée de vie honnête, du contenu à revendre
Comptez environ 7 heures pour terminer l’aventure principale, et entre 20 et 30 heures si vous visez le 100 %. Les missions annexes (récupérer tous les fruits, battre un record de temps, accomplir un défi spécifique) rallongent généreusement la durée de vie.
Le hub central, le Pac-Village, a été repensé et enrichi : bornes d’arcade, figurines à collectionner, costumes à débloquer… Il y a toujours une bonne raison d’y revenir. Mention spéciale au mode “contre-la-montre” et à ses classements en ligne, qui offrent une belle rejouabilité.
Verdict : un remake honnête, fun et imparfait
Après plusieurs heures manette en main, je ressors de Pac-Man World 2 Re-PAC partagé mais satisfait. Le jeu n’est pas sans défauts : caméra capricieuse, graphismes datés, phases de gameplay inégales. Pourtant, impossible d’en vouloir vraiment à ce remake.
Il est sincère, amusant, généreux et surtout respectueux de l’œuvre originale.
Oui, tout n’est pas parfait. Mais Pac-Man World 2 Re-PAC a cette magie rare : il fait sourire, il détend, et il rappelle pourquoi on aimait tant les jeux de plateforme d’antan.
Un remake imparfait, mais attachant — et c’est peut-être ça, au fond, la meilleure chose qu’on puisse dire d’un retour aussi nostalgique.
✅ Maniabilité agréable et modernisée
✅ Level design solide et varié
✅ Ambiance rétro soignée
✅ Durée de vie honnête et contenu riche
⚠️ Phases inégales (glace, sous-marin)
⚠️ Graphismes datés, caméra parfois maladroite